Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/145

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Il réfléchit un instant, fit claquer ses doigts gonflés comme des saucisses : son geste favori qu’il accompagnait de « coquin de sort ». Lapin sauté ! cria-t-il. Et, pour se mettre en train, il se versa une bonne rasade.

Son attirail était installé sur une étagère : la cocotte de fonte, les casseroles, la poêle à frire, la vaisselle, des bouteilles vides, un litre d’huile, un panier à salade empli d’ail. Pluche avait transformé la chambre en cuisine.

Il « tomba la veste », alluma le poêle et fit « revenir » le lapin. Il tendait le cou, humait l’odeur qui montait de la cocotte. Il aurait fallu du thym dans la sauce.

« Té, l’ail remplace tout ! » s’écria Pluche. Il alla chercher le panier à salade. « Elle aura le sourire en rentrant la bourgeoise ! »

Il but encore un verre, croqua quelques olives. Le lapin mijotait et une bonne odeur parfumait la chambre. Pluche prit un livre qui traînait sur la table, un gros bouquin graisseux à moitié débroché. Il l’ouvrit, commença à lire, mais le relent du « roux » devenait incommodant et il se leva pour « faire un courant d’air ».