Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/15

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fureteurs. Des fumées tournoyaient dans le soir ; vers le faubourg du Temple de gros nuages couvraient le ciel. La rumeur de Paris montait de toutes parts comme une exhortation confuse. Soudain il se décida, il fallait à tout prix acheter cet hôtel.

— Si vous voulez descendre visiter le logement, lui dit M. Goutay.

Mais une lassitude l’envahissait. Parvenu au bas de l’escalier, il sentit une émotion indéfinissable lui serrer la gorge. Quelque chose de trouble poignait son cœur, la pensée des adieux prochains, des abandons, et, devant ces lieux étrangers encore, un mélange de détresse et de confiance, un goût de péril et d’aventures si violent qu’il en était oppressé. Non, vraiment, il n’avait plus la force de continuer la visite. Du reste la nuit tombait, les clients commençaient à rentrer. Il valait mieux ne pas éveiller leur curiosité avant que ne fussent conclus les accords définitifs.

Il promit au marchand de fonds de donner le lendemain sa réponse pour oui ou pour non. Et il fut heureux de venir s’appuyer au comptoir quand M. Goutay proposa de se rafraîchir.