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secoua la tête, se courba comme s’il allait vomir ses poumons, et, à plusieurs reprises, cracha méticuleusement dans son mouchoir.

— Est-ce que je pourrais avoir un peu de tisane ?

— Vous devriez plutôt boire un grog. Ça fait suer et après on est dégagé.

— Non, non !… Il s’étrangla. « Du tilleul. »

Louise lui fit une infusion. Elle le regarda boire. Un malade. À cette seule idée, un frisson lui passa dans le dos. Ladevèze, comme s’il eût deviné sa pensée, lui jeta un coup d’œil soupçonneux, et, se levant, regagna sa chambre.

Il ne redescendit plus l’après-midi et ne parut pas les jours suivants. On l’entendait tousser. Les clients, étonnés, demandaient :

« Qu’est-ce que c’est que le type du 3 ? »

— Un nouveau, répondait Louise.

Elle faisait la grimace et restait pensive. Plusieurs fois par jour, elle montait à Ladevèze du bouillon et des tisanes. Il était couché ; ses genoux pointaient sous les draps ; un relent de pharmacie traînait dans la chambre. Il fallait aérer, retaper le lit, mettre de l’ordre sur la table. Ladevèze, les yeux au plafond, respirait péniblement ; son visage,