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Elle balbutia : « Non, pas maintenant, Pierre… »

Le sommier craqua, et, l’espace d’une seconde, Mimar se rappela toutes les femmes qui avaient couché là. « J’aurai quelqu’un pour me servir, pensa-t-il… »

Le lendemain, il retourna à son travail. Dès lors, les jours se ressemblèrent. Quand Mimar était de « nuit », Lucie avait peur. « Elle songeait au passé de Pierre qu’elle ignorait. Elle entendait des rires, des claquements de porte ; ces promiscuités la gênaient.

Quand Mimar était de « jour », elle restait seule jusqu’au soir. Le matin, levée la première, elle préparait le « panier » de son mari. Puis, vers dix heures, elle allait au marché. La bousculade de la rue, les voitures, l’étourdissaient. Elle n’avait de plaisir qu’à vivre dans sa chambre ou à bavarder avec la patronne.

Louise la mettait au courant des usages de l’hôtel, lui indiquait des commerçants honnêtes, des magasins où l’on offrait des « primes ». Elle l’engageait gentiment à sortir. « Faut pas toujours rester à votre fenêtre