Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/26

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— Je régale d’une tournée générale, fouchtra !

Il n’avait pas fini d’étonner son monde. Il était un brin pompette lorsqu’il proposa à sa femme de danser la bourrée. Les chaises rangées dans la cuisine, les tables poussées contre les murs, Marthe Goutay et son mari glissèrent sur le carrelage et battirent de lourds entrechats.

Goutay s’accompagnait en chantant. Les spectateurs frappaient dans leurs mains, se tordaient de rire. Quel bon bougre, ce patron-là !

M. Mercier, Louise et son frère, bavardaient dans un coin. Lecouvreur passait d’un groupe à un autre groupe, trinquait, cherchait à inspirer confiance à ses futurs clients et regardait autour de lui avec un plaisir attendri. Comme tout le monde était sympathique ! Dans la fumée qui assombrissait le café, il voyait se dérouler ses rêves d’avenir.

Goutay jeta un coup d’œil sur la pendule.

— Une heure, diable ! dit-il en cessant de danser. Pas le moment de se faire dresser une contravention. Va falloir fermer boutique.

Dix minutes plus tard, les Lecouvreur quit-