Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/38

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elle lui pardonnait ses défauts, puisqu’il l’avait choisie, elle, parmi tant d’autres femmes.

Elle rêvassait, quand soudain Pierre ouvrit la porte :

— Qu’est-ce que tu fous là, dans le noir ?

Il alluma l’électricité, jeta sa casquette et tomba sur une chaise.

— Tu te fiches de moi, maintenant. Je dois t’attendre à la sortie de l’usine, dit-il d’un ton rogue.

Renée réprima un sourire. Elle s’approcha de Trimault, lui entoura le cou de ses bras nus ; des baisers gonflaient ses lèvres. « Pierre, chuchota-t-elle… » Mais il la repoussa. Elle n’y tint plus et s’écria :

— Pierre, je travaille !…

— C’est pas trop tôt, répondit-il sans rien laisser paraître de son plaisir.

Il pensa aux agréments d’une vie plus facile et laissa Renée s’asseoir sur ses genoux. Il lui passait distraitement ses mains noires dans les cheveux et elle, tête renversée, fermait les yeux de bonheur. Quelques minutes plus tard, comme il avait faim et qu’aujourd’hui on pouvait se payer un extra, il lui dit :