Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/64

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— Vous avez changé les draps du 28, Renée ? Ils étaient sales… Le 28, c’est un grand cochon… Demain faudra me lessiver les couloirs.

Son mari intervenait, mais elle lui coupait la parole.

— Laisse-nous. Avec moi, faut que tout marche à la baguette. Oh ! si j’étais plus là…

Elle souriait. Des locataires venaient la voir ; certains, même, apportaient des fleurs. Ces marques de sympathie la touchaient beaucoup.

Enfin, elle n’y tint plus. Elle se leva, en dépit du médecin qui voulait la « clouer » au lit, en dépit de l’angoisse de son mari qui, partagé entre la joie et la peur, ne se sentait pas la force de lui résister.

Louise examina la cuisine où les casseroles pendues brillaient dans l’ombre comme des planètes au fond d’un ciel. Par un geste, qui lui était habituel, elle passa la main sur les meubles pour y chercher de la poussière.

— C’est propre, dit-elle à Renée qui rougissait.

Quand elle entra dans la boutique, la lumière l’éblouit. Des consommateurs entou-