Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/85

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Le cri des cochers la réveillait brusquement. « Faut que je me dépêche, » balbutiait-elle. Mais, les jambes pendantes, elle demeurait sur le bord du lit et bâillait ; un goût de colle lui empoissait la bouche. Elle passait la main sur son visage pour écarter ses mauvais rêves. Son regard tombait sur le mur tapissé de cartes postales : des femmes nues, des photos comme celles qu’elle trouvait autrefois dans les poches de son amant.

Elle pensait à Trimault. Jamais il n’avait donné de ses nouvelles. Sans doute qu’il vivait maintenant avec une autre ! C’était un faible. Elle se souvenait de lui sans jalousie, sans haine. Même, elle lui savait gré d’avoir été l’occasion de sa venue à Paris.

Un bruit de pas se faisait entendre. Elle ébauchait un mouvement pour se lever, mais elle retombait, sans volonté.

« Renée, où êtes-vous, nom de Dieu, avec les clés ! »

Un ouvrier qui rentrait du travail. Déjà ? Et les chambres pas balayées ! S’il allait se plaindre au bureau ?…

Elle retapait en hâte le lit, ramassait ses chiffons, son balai, puis soutenant son ventre, courait finir son ouvrage.