Page:Dabit - L'hotel du nord, 1929.djvu/98

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Une bonne bourrade. Le cheval regimbait.

« C’est comme ça ? Sale carne. Attends tes côtes !… »

Il mordillait sa moustache et frappait plus fort. On eût dit qu’il avait une vengeance à assouvir. À l’abreuvoir, dès que les chevaux avaient bien commencé à boire, il les arrachait de là, et, brandissant son fouet, les reconduisait, assoiffés, aux écuries.

Il tirait vanité de sa place. Il était fier de tout, de son « panama » qu’il enfonçait sur ses oreilles décollées, de son gilet blanc crasseux enguirlandé d’une chaîne qu’il tirait souvent pour regarder l’heure à sa « toquante ».

Il sautillait « Hop… Hop ! »

— Dis donc, vieux Charles, tu vas à la noce ! » criaient les cochers.

Il faisait une grimace, puis, comme les autres n’en finissaient plus avec leurs blagues, il leur tournait le dos et, furieux, entrait aux écuries. Il saisissait un fouet, se glissait près des chevaux avec des ruses de sauvage, et le visage frémissant de joie, il frappait.

Quand venait l’heure de déjeuner, le vieux Charles arrivait chez Lecouvreur. Louise, qui le méprisait, ne répondait pas à son salut ;