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Chapitre IX

LE CONCERTO EN RÉ


Toute la salle fut debout. Désiré Defauw avait franchi la scène aux décors rosâtres et, cambré sur la tribune du chef, il inclinait vers le public une tête couronnée d’une abondante chevelure gris cendré. Les traits durcis du visage, l’impérieux du regard, la forte teneur sanguine du teint, palpitaient sous le rayonnement précurseur de la musique.

La foule redoubla d’applaudissements. Un grand jeune homme entrait, le violon luisant contre son habit, il saluait. Au coup d’œil interrogateur de Defauw, LeBlanc avait acquiescé. Que sortirait-il de cette rencontre ? Les bras tendus pour recueillir et sublimer l’attention de ses musiciens, le chef, d’un geste bref, ouvrit l’allegro. Les instruments de percussion, sourdement, préludèrent. Le timbalier et le tambour avaient revêtu, de prime saut, les livrées d’une maison princière ; impassibles comme les laquais des contes de fées, ils menaient au bal de la cour le carrosse doré de Cendrillon. L’orchestre soulevé par les premières mesures du Concerto en ré, se rivait