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NOTICE
SUR
LA VIE ET LES TRAVAUX
FRANÇOIS QUESNAY.


François Quesnay, médecin de Louis XV et chef de l’école physiocratique[1], naquit a Mérey, près Montfort-l’Amaury, le 4 juin 1694. Il n’était pas le fils d’un cultivateur, comme on le trouve rapporté dans presque tous les livres d’économie politique, mais d’un avocat au parlement qui, domicilié à Mérey, dans un petit domaine rural dont il était propriétaire, exerçait sa profession dans la ville de Montfort. Il n’en est pas moins vrai que, malgré cette origine, l’enfance de Quesnay se passa dans une ferme, que sa première éducation fut toute villageoise, et qu’en un mot il ne fut pas élevé d’abord avec plus de soin que le fils d’un simple paysan. Cette circonstance s’explique par l’originalité de caractère, tout à la fois généreuse et insouciante, de l’auteur de ses jours.

Quoique Nicolas Quesnay, son père, se livrât d’une manière exclusive, et avec une sorte de passion, au métier de jurisconsulte, il était loin d’en tirer les ressources nécessaires à l’entretien de sa famille. Doué de beaucoup de noblesse dans les sentiments, il ne connaissait pas l’art de rendre sa profession lucrative, et l’exerçait, d’après le témoignage d’un contemporain, qui ne tenait pas apparemment à flatter les gens de loi de l’époque, d’une façon toute singulière[2]. C’était un avocat qui ten-

  1. Physiocratie, du grec φυσις, nature, et κρατειν, commander, signifie gouvernement de la nature.
  2. Grandjean de Fouchy, Éloge de Quesnay, prononcé à l'Académie des sciences en 1774.