Aller au contenu

Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/557

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et sa belle-sœur se retirèrent en province chez son frère aîné, à Ien-p’ong ; et Paul resta seul à la capitale avec sa femme. Bien qu’il souffrît beaucoup d’une maladie intérieure dont les accès étaient fréquents et pénibles, il ne laissait échapper aucune plainte, conservait toujours un visage gai et affable, et s’appliquait continuellement à la lecture des livres de religion. Il aimait à se répandre parmi les chrétiens, dont il pouvait à juste litre être appelé le guide et le père ; il exhortait les tièdes à la ferveur, travaillait par ses discours à instruire et exciter tous les autres, et n’omettait pas non plus de donner ses soins à la conversion des païens. Le jour ne suffisant pas à ses œuvres de zèle, il y consacrait une partie des nuits, et malgré l’état de gêne où il vivait, il s’efforçait encore de soulager ceux qui étaient plus pauvres que lui.

Toujours vigilant sur lui-même, il demandait aux autres s’il n’était pas pour eux une occasion de péché. « S’il en était ainsi, veuillez bien m’avertir, » disait-il souvent, et ces sentiments étaient si sincères chez lui, que nous trouvons dans une de ses lettres à un ami, datée de sa prison, ces paroles bien remarquables : « Notre affection mutuelle était loin d’être une amitié ordinaire ; sans vous, jamais personne ne m’aurait parlé de mes défauts. Maintenant que j’y réfléchis, vraiment je vois quel trésor c’était pour moi. » S’appliquait-il à la prière ou à la méditation, son attention était tellement fixée en Dieu qu’il ignorait s’il y avait ou non quelqu’un près de lui. Plein de défiance de lui-même, en parlant aux personnes du sexe, il ne les fixait jamais, aussi ne connaissait-il point leur visage. De si beaux exemples ne pouvaient manquer de faire impression sur tous ceux qui avaient le bonheur de le connaître, et il avait sur eux un tel ascendant, que bien peu de chrétiens tièdes restaient sourds à ses touchantes sollicitations. Pour soutenir son existence, il s’occupait à copier des livres de religion et des images, qu’il vendait ensuite aux chrétiens, et même, dans ses travaux manuels, il savait trouver un aliment à sa ferveur. Il fut un de ceux qui contribuèrent le plus à recueillir des ressources pour les messagers que l’on envoya plusieurs fois à Péking ; et l’évêque de cette ville ayant ordonné de choisir quelques catéchistes des deux sexes, il travailla avec beaucoup d’ardeur à les former, les réunissant chez lui le premier dimanche de chaque mois, leur donnant des sujets de méditation, et les excitant à la vraie piété.

Le fait suivant montre combien la vertu de Paul était solide.