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savent contrefaire parfaitement les cris des divers oiseaux, particulièrement celui de faisan qui appelle sa femelle, et par là réussissent à prendre beaucoup de ces dernières. Mais leur chasse principale est celle du cerf. Elle n’a lieu qu’au moment où ses bois se développent, c’est-à-dire pendant la cinquième et la sixième lune (juin et juillet), parce qu’alors seulement ces bois se vendent à un prix très-élevé. Les chasseurs au nombre de trois ou quatre au plus, battent les montagnes plusieurs jours de suite, et quand la nuit les force à s’arrêter pendant quelques heures, ils ont un instinct admirable pour retrouver la piste de l’animal, à moins que la terre ne soit trop desséchée. D’ordinaire, ils l’atteignent avant la fin du troisième jour, et le tuent à coups de fusil. Cette chasse, quand elle réussit bien, leur donne de quoi vivre pendant une partie de l’année, et l’on cite des individus qui par ce moyen ont acquis une petite fortune.

Les Coréens sont âpres au gain ; pour se procurer de l’argent, tous les moyens leur sont bons. Ils connaissent très-peu et respectent encore moins la loi morale qui protège la propriété et défend le vol. Néanmoins, les avares sont peu nombreux, et ne se trouvent guère que parmi les riches de la classe moyenne ou les marchands. En ce pays, on appelle riche celui qui a deux ou trois mille francs vaillant. En général, ils sont aussi prodigues qu’avides, et aussitôt qu’ils ont de l’argent, ils le jettent à pleines mains. Ils ne songent alors qu’à mener grand train, bien traiter leurs amis, satisfaire leurs propres caprices ; et quand l’indigence revient, ils la subissent sans trop se plaindre, et attendent que la roue de la fortune en tournant leur ramène de beaux jours. Souvent, l’argent se gagne assez vite, mais il disparaît plus vite encore. On a fait gagner un procès à quelqu’un, on a trouvé une racine de gen-seng, un petit morceau d’or, une veine de cristal, n’importe quoi, on est à flot pour quelques jours, et vogue la galère ! l’avenir s’occupera de l’avenir. De là vient que tant de gens sont toujours sur les routes, cherchant une chance heureuse, espérant rencontrer là-bas ce qui leur manque ici, trouver quelque trésor, découvrir quelque source de richesse non encore exploitée, inventer quelque nouveau moyen de battre monnaie. Dans certaines provinces surtout, la moitié des habitants n’ont pour ainsi dire pas de demeure fixe ; ils émigrent pour échapper à la misère, restent un an ou deux, et émigrent de nouveau, pour recommencer plus tard, cherchant toujours le mieux, et presque toujours rencontrant le pire.

Un autre grand défaut des Coréens, c’est la voracité. Sous ce