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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/191

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qui y voit un moyen de former de bons archers. À certaines époques de l’année, les villes et les villages un peu considérables donnent des prix au concours pour les plus habiles tireurs, et quelquefois les mandarins en envoient d’autres aux frais du trésor public. Souvent aussi il y a des boxes ou luttes à coups de poing, entre des champions choisis, de village contre village, ou de certains quartiers d’une ville contre les autres. Chaque année, à Séoul, pendant la première lune, on a le spectacle d’une de ces luttes, qui ordinairement dégénère en un combat acharné. On commence à coups de poing, mais l’on continue à coups de bâton et de pierres, et cela dure plusieurs jours, pendant lesquels il est impossible de circuler sans danger dans les rues. D’habitude, il reste quatre ou cinq morts sur le terrain, les blessés et les estropiés ne se comptent pas ; mais le gouvernement n’intervient jamais, et laisse les choses suivre leur cours, sous prétexte qu’il s’agit d’un jeu.

On trouve dans toutes les villes des chœurs de musiciens et de chanteuses. La capitale en est remplie. Ces chanteuses, élégamment vêtues, exécutent des chants et des danses pour l’amusement des spectateurs, dans les parties de plaisir que donnent les mandarins ou les gens haut placés. Ce sont ou des esclaves de préfectures, ou des femmes que la misère a jetées dans la débauche ; et toutes joignent le métier de prostituées à celui de musiciennes. On dit cependant que leurs danses publiques n’ont rien de trop indécent.

Il n’est pas rare non plus de rencontrer des saltimbanques ou comédiens ambulants qui vont par bandes, de côté et d’autre, donnant des représentations dans les maisons de ceux qui les payent, à l’occasion d’un mariage, d’un anniversaire heureux, ou d’une fête quelconque. Ils sont acrobates, musiciens, joueurs de marionnettes, escamoteurs, font mille tours de force et d’adresse, et passent pour être souvent d’une habileté merveilleuse. À défaut d’amateurs bénévoles, ils s’imposent aux villages, et comme ils ont la réputation d’être des bandits, capables de toutes sortes de crimes et d’actes de violence, on les subit par crainte, et on les paye sur les fonds communs pendant leur séjour.

Le théâtre proprement dit n’existe pas en Corée. Ce qui se rapproche le plus de nos pièces dramatiques est la récitation mimée de certaines histoires, par un seul individu qui en représente successivement tous les rôles. Si, par exemple, il est question dans son récit d’un mandarin, d’un homme qui reçoit la