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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/211

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et s’éloignent quand l’extraction du minerai devient trop difficile. Aussi jamais de grandes fabriques, jamais d’exploitation sérieuse, jamais d’ateliers qui en méritent le nom. Des baraques de planches mal jointes, facilement emportées par le vent ou effondrées par la pluie, des fours ou fourneaux sans solidité qui se fendent à chaque instant, voilà tout. Par suite, le profit est presque nul. Les individus qui ont de l’argent ne songent guère à le mettre dans de pareilles entreprises, et parmi ceux qui avec quelques centaines de francs veulent tenter la fortune, la moitié se ruinent en quelques mois.

Les Coréens prétendent qu’ils fabriquent et exportent en Chine de grands couteaux, des sabres et des poignards de première qualité ; mais les missionnaires n’ont pas eu l’occasion de vérifier suffisamment l’exactitude de cette assertion. Ils font aussi des fusils à mèche qui paraissent assez solides. Bien qu’il y ait de très-beau cuivre dans leur pays, ils tirent du Japon tout celui qu’ils emploient. Ils le mélangent avec le zinc pour en confectionner des vases et des marmites. Ainsi combiné, il s’oxyde très-difficilement, et malgré l’usage continuel qui se fait de ces vases dans les maisons un peu aisées, on ne connaît aucun exemple d’empoisonnement par le vert-de-gris. Tous les bijoux, tous les articles de parure, tous les objets de luxe viennent de Chine ; en Corée, on ne sait point les travailler.

Il est néanmoins une industrie dans laquelle les Coréens l’emportent sur les Chinois, c’est la fabrication du papier. Avec de l’écorce de mûrier, ils font du papier bien plus épais et plus solide que celui de la Chine ; il est comme de la toile et on a peine à le déchirer. Son emploi se diversifie à l’infini. On en fait des chapeaux, des sacs, des mèches de chandelle, des cordons de souliers, etc… Lorsqu’il est préparé avec de l’huile, il remplace avantageusement, vu son bas prix, nos toiles cirées, et sert à confectionner des parapluies et des manteaux imperméables. Les portes et les fenêtres n’ont pas d’autres vitres que ce papier huilé collé sur le châssis. Il y a une exception cependant. « Quand un Coréen, dit Mgr Daveluy, a trouvé un petit morceau de verre d’un demi-pouce carré, c’est une bonne fortune. Aussitôt il l’insère dans une fente de sa porte ; dès lors il peut, d’un tout petit coin de l’œil, regarder ce qui se passe au dehors, et il est plus fier qu’un empereur se mirant devant les glaces de son palais. À défaut de ce morceau de verre, il fait avec le doigt un trou dans le papier, et se met ainsi en communication avec le monde extérieur. »