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était de pouvoir mourir pour lui. Aussi s’exposait-il avec joie aux dangers, aux privations et aux souffrances. Jean T’soi, dit Tsiang-hien-i, et plus connu par son surnom de Koan-t’sien-i, appartenait lui aussi à une famille d’interprètes. C’était un homme actif et infatigable. Dès qu’il eut embrassé la religion, il copia de sa main tous les livres qui en traitaient, et par là, rendit d’immenses services. Sa réputation de copiste devint si grande, que tous les chrétiens qui désiraient des livres, s’adressaient à lui pour en obtenir. On lui attribue la traduction coréenne du livre chinois intitulé : Explication des Évangiles des dimanches et fêtes.

Pour bien comprendre cette diffusion rapide de la doctrine chrétienne, il n’est pas inutile de se rappeler ce que nous avons dit dans l’introduction, sur la nature des relations habituelles de société dans ce pays. Les appartements des femmes, chez les nobles et les riches, se trouvant à l’intérieur et entièrement séparés, les rapports entre hommes n’en sont que plus libres et plus multipliés. Le devant de chaque maison, où réside habituellement le maître, est comme un salon de réception, toujours ouvert, où tous, amis ou étrangers, connus ou inconnus, peuvent entrer, s’asseoir, boire le thé, fumer, et prendre part à la conversation. Les Coréens, naturellement flâneurs et bavards, sont continuellement par voies et par chemins. Ceux qui n’ont rien à faire chez eux, vont de salon en salon, en quête de nouvelles. S’occupant peu ou point de politique, ils parlent science, littérature, se communiquent le résultat de leurs études, comparent leurs travaux littéraires, etc. Il est facile d’imaginer combien la doctrine chrétienne, si étrange et si nouvelle pour eux, et prêchée par des docteurs si renommés, dut frapper la curiosité publique, et combien de personnes en parlèrent et en entendirent parler, dès son apparition en Corée.

Outre ceux dont nous avons donné les noms, beaucoup d’autres néophytes travaillèrent alors à faire briller aux yeux de leurs compatriotes la lumière qu’ils avaient reçue. Nous ne pouvons les désigner tous ici. Nous n’avons fait connaître que les plus célèbres, dont le nom reviendra souvent dans le cours de cette histoire.