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constance d’apostasier. Il fut appliqué à diverses tortures : mais il ne fléchit pas un seul instant. Xavier Kouen ayant appris ce qui se passait, crut indigne de lui d’abandonner son fidèle coreligionnaire. Accompagné de plusieurs autres chrétiens, il se rendit devant le ministre : « Tous, s’écria-t-il courageusement, tous nous professons la même religion que Kim Pem-ou. Nous voulons partager le sort que vous lui réservez. « Le ministre ne crut pas prudent d’attaquer des personnages aussi puissants et aussi distingués. Il les fit renvoyer, sans les écouter, et n’en continua pas moins de persécuter Thomas. Après divers supplices, dont le détail n’est pas connu, ne pouvant triompher de la foi et de la constance du chrétien, il le condamna à l’exil dans la ville de Tan-iang, à l’extrémité orientale de la province de T’siong-t’sieng. Dans le lieu de son exil, Thomas Kim continua cà pratiquer publiquement sa religion. Il faisait à haute voix ses prières, et instruisait tous ceux qui voulaient l’entendre. Son courage et sa patience ne se démentirent pas un seul instant. Il mourut des suites de ses blessures, quelques semaines après son arrivée à Tan-iang, selon les uns, ou selon d’autres, deux ans plus tard. Telle fut la fin du premier martyr qui, sur la terre de Corée, donna sa vie pour Jésus-Christ.

Cette affaire n’eut pas d’autres suites. Mais elle était suffisante pour montrer aux chrétiens qu’il faut non-seulement professer l’Évangile de bouche, mais aussi être prêt, le cas échéant, à signer de son sang sa profession de foi. Aussitôt la terreur se répandit, surtout à la capitale et dans les environs. Le T’ai-hak-saing (savant précepteur du roi) nommé Tsieng-siouk-i, fit publier alors une circulaire violente contre les chrétiens, engageant leurs parents et amis à rompre ouvertement et complètement avec eux. Ce document, daté de la troisième lune, 1785, est la première pièce publique connue, qui attaque officiellement le christianisme. Plusieurs familles firent tous leurs efforts, par prières et par menaces, pour obtenir l’apostasie de ceux de leurs membres qui avaient embrassé la religion. Il y eut alors de glorieuses confessions, mais il y eut aussi des défections déplorables, même parmi ceux qui semblaient être les colonnes de la nouvelle Église. Pierre Seng-houn-i et Jean-Baptiste Piek-i, étaient désignés par la voix publique, comme les principaux chefs et fauteurs du christianisme ; aussi, ceux de leurs parents qui n’avaient pas embrassé la foi, épouvantés du supplice de Thomas Pem-ou, mirent tout en œuvre pour les faire renoncer à une religion qui allait attirer des malheurs sur eux et