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bœuf est seul employé à la charrue ; on n’a jamais recours au cheval, et un jour qu’un missionnaire engageait des chrétiens à se servir de sa monture, ce fut un éclat de rire général, absolument comme si en France on proposait de labourer avec des chiens. Du reste, le cheval ne vivrait pas en travaillant dans les rizières, parce qu’elles sont constamment inondées. Outre le fumier et les autres engrais animaux que l’on recueille très-soigneusement, on emploie, pour la culture, les cendres dont chaque maison coréenne est riche, car le bois n’est pas cher, et on en consume prodigieusement pendant l’hiver. De plus, au printemps, quand les arbres commencent à se couvrir de feuilles, on coupe les branches inférieures, et on les répand sur les champs où on les laisse pourrir. Après les semailles, pour empêcher les oiseaux de manger les grains, et pour protéger les jeunes tiges contre les chaleurs excessives qui les dessécheraient sur pied, on recouvre les champs d’autres branches que l’on enlève plus tard, quand la plante est assez forte.

Le manque de chemins et de moyens de transport, dans ce pays montagneux, empêche absolument toute grande culture. Chacun cultive seulement le terrain qui est autour de sa maison et à sa portée. Aussi les gros villages sont rares, et la population des campagnes est disséminée en hameaux de trois ou quatre maisons, dix à douze au plus. La récolte habituelle suffit à peine aux besoins des habitants, et les famines sont fréquentes en Corée. Pour la classe la plus pauvre de la population, on peut dire qu’elles sont périodiques à deux époques de l’année : d’abord au printemps, quand on attend la récolte du seigle qui se fait en juin ou juillet, puis avant la récolte du millet, en septembre ou octobre. L’argent ne se prêtant qu’à un taux très-élevé, les malheureux dont les petites provisions sont épuisées ne peuvent aller acheter du riz ou d’autres grains, et n’ont pour vivre que quelques herbes cuites dans l’eau salée.

Outre le riz, le blé, le seigle et le millet, les principales productions du pays sont : des légumes de toute espèce mais très-fades, le coton, le tabac, et diverses plantes fibreuses propres à confectionner de la toile. Le tabac a été introduit en Corée par les Japonais, vers la fin du xvie siècle. La plante à coton vient de Chine. Il y a cinq cents ans, dit-on, elle était inconnue en Corée, et les Chinois prenaient toutes les précautions possibles pour empêcher l’exportation des graines, afin de vendre aux Coréens des tissus de leurs fabriques. Mais un jour, un des membres de l’ambassade annuelle réussit à se procurer trois graines,