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de la nature se révoltaient dans son âme. Il ne se rendit pas néanmoins, et ne cessa de répéter que, malgré tout, il ne pouvait se résoudre à renier Dieu, son vrai roi et son vrai père.

Cette dernière tentative ayant échoué, il ne restait plus qu’à prononcer le jugement selon la rigueur des lois. Plusieurs fois le ministre des crimes demanda l’assentiment du roi, mais il ne put jamais l’obtenir. À la fin, le ministre touché lui-même de compassion, annonça au roi que Pil-kong-i avait fait une soumission telle quelle, et le prince aussitôt, louant beaucoup son bon esprit et son obéissance, lui fit donner une belle place, de celles que peuvent remplir les familles de médecin. Dans une autre circonstance, il se félicita encore d’avoir ramené Pil-kong-i à de meilleurs sentiments. Celui-ci avait-il réellement cédé à la crainte, comme quelques-uns le prétendent ? ou bien avait-il eu seulement la faiblesse de ne pas protester de suite et avec énergie, contre les paroles qu’on lui prêtait faussement ? Nous l’ignorons. Quoi qu’il en soit, il pleura amèrement sa faute, reprit sa première ferveur, et s’appliqua avec plus de zèle que jamais à tous ses devoirs de chrétien. Nous retrouverons un jour son nom dans la liste des martyrs.

Un grand nombre d’autres chrétiens arrêtés, vers la même époque, se délivrèrent de la persécution par l’apostasie. Nous pouvons citer parmi les principaux : Tsoi Il-tsiel-i, Tsieng In-hiek-i. Son Kieng-ioun-i, Sang Tak-nioun-i, T’soi In-kir-i, T’soi Pil-tie-i, etc., qui tous eurent plus tard le bonheur de souffrir le martyre.

Dans le Nai-po, nous rencontrons les mêmes exemples de faiblesse. Au district de Koang-tsiou, apostasie de Marcellin T’soi et de ses nombreux compagnons d’emprisonnement ; au district de Hong-tsiou, apostasie de la famille de Seng-hoa ; au district de Tang-tsin, apostasie de François Pai et de beaucoup d’autres. Marcellin T’soi et François Pai, lavèrent plus tard cette faute dans leur sang. Enfin la défection la plus triste, la plus humiliante pour les chrétientés du Nai-po, fut celle de leur apôtre, Louis de Gonzague Ni Tan-ouen-i. Connu de tous, païens et chrétiens, il ne put longtemps éviter les embûches des persécuteurs. Il fut pris et enfermé à Kong-tsiou. Nous ne connaissons pas les supplices qu’il eut à supporter ; mais il paraît certain qu’il se laissa ébranler. Une lettre du gouverneur de Kong-tsiou, Pak Tsong-ak-i, du 2 de la douzième lune, annonça au roi la soumission de Tan-ouen-i. « Il a apostasie, dit ce document, de la manière la plus formelle, a témoigné sa douleur de s’être laissé