Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/284

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Mais ce qui, plus que tous les discours, donnait à Pierre une force convertissante, c’était son bon exemple, c’était le triomphe qu’il avait remporté sur lui-même. Lorsqu’il revint chez lui, il avait tout à fait dompté son caractère, et montrait dans les diverses circonstances de la vie une inaltérable douceur. On admirait aussi son zèle ardent pour soulager les pauvres en leur faisant part de ses biens, et pour exhorter les païens de sa connaissance dont il convertit plus de trente familles. Sa ferveur était si grande que, même en présence des païens, il accomplissait toujours ses exercices religieux. Environ deux ans après sa conversion, le bruit que sa famille était tout entière chrétienne, arriva jusqu’aux oreilles du mandarin. Celui-ci envoya des satellites pour saisir un cousin de Pierre nommé Jacques ; mais, sur l’avis de ses amis, Jacques avait pris la fuite. Les satellites s’adressèrent à Pierre : « Où est allé votre cousin ? — Il s’est caché par crainte de la mort ; comment voulez-vous que je sache où il est ? — Nous avons ordre du mandarin de l’arrêter comme chrétien ; mais, puisqu’il n’est pas ici, nous allons vous prendre en sa place. — Soit, » répondit Pierre, et aussitôt il fut pris et conduit au prétoire devant un officier subalterne qui lui dit : « Où est allé votre cousin ? — Je l’ignore. — On dit que votre cousin pratique la religion chrétienne ; la pratiquez-vous aussi ? — Je la pratique. — Promettez de ne plus la pratiquer, reniez Dieu, et j’avertirai le mandarin que tous ces bruits sont une pure calomnie, vous serez relâché de suite. — Je ne puis renier Dieu. » On l’enferma dans une chambre, et pendant plusieurs jours on ne cessa de le presser d’apostasier. Mais Pierre s’y refusant toujours, l’officier en colère l’envoya au mandarin. « Est-il vrai, lui dit ce magistrat, que tu suis la religion du Maître du ciel ? — Cela est vrai. — Renie ton Dieu, dénonce tes complices, et dis-moi que tu ne la suivras plus, je te relâcherai aussitôt. — Renier Dieu ! jamais ! Je ne puis non plus dénoncer d’autres chrétiens. — Ne veux-tu pas dénoncer tes complices et déclarer les livres que tu as chez toi ? — Cela m’est impossible. » Le mandarin furieux lui fit subir le supplice de l’écartement des os, et le fit battre de soixante-dix coups de la planche à voleurs. Mais Pierre souffrait tout patiemment, ne cessant d’exposer la vraie doctrine, sur Dieu, sur les devoirs de l’homme envers Dieu et les parents, sur la vanité des superstitions païennes, etc… Renvoyé à la prison, il comparut encore le lendemain, et aux mêmes questions du juge, fit les mêmes réponses.

Il subit de nouveau le supplice de l’écartement des os et fut