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locales, de peu d’importance, et l’on n’en a conservé qu’un vague souvenir.


Telle fut la première persécution qu’eut à subir l’Église de Corée, tel fut le baptême de sang et de larmes qui consacra cette chrétienté naissante. Quand on songe que, par une disposition particulière de Dieu, unique peut-être dans l’histoire du christianisme, cette Église avait été fondée, croissait et se fortifiait sans le secours d’aucun pasteur, le courage de ses martyrs, la constance de ses confesseurs, la persévérance de ses enfants, son existence même, deviennent un éclatant prodige.

Sans doute tous ne surent pas confesser leur foi. Les premiers convertis, les plus célèbres propagateurs de l’Évangile, nous ont attristés du spectacle de leur lâcheté. En punition peut-être de quelque secret orgueil causé par le succès de leur parole, ils sont tombés, et en ont entraîné beaucoup dans leur chute. Mais ce n’est pas la défection de quelques-uns qui doit nous surprendre, ce qui est vraiment étonnant, ce qui montre une œuvre manifestement divine, c’est que tous n’aient pas apostasié. Ils n’avaient qu’une connaissance bien incomplète de la religion ; ils n’avaient pas d’autres maîtres que les quelques livres chinois introduits en cachette, possédés seulement par les plus instruits ; et surtout, ils n’avaient pas le secours des sacrements. Nous voyons tous les jours ce que sont, même avec ce secours surnaturel, tant de chrétiens qui les reçoivent souvent. Qu’auraient dû être ces pauvres néophytes qui en savaient à peine le nom !

Et cependant, par l’unique puissance de la grâce de Dieu, nous comptons, parmi ces néophytes, des martyrs, des confesseurs, des prédicateurs zélés de l’Évangile. Dix ans après le baptême de Pierre Ni à Péking, nous trouvons, malgré la persécution, malgré la défection coup sur coup des plus illustres chefs, plus de quatre mille chrétiens en Corée. Nous rencontrons chez eux la pratique des plus grandes vertus, la charité envers le prochain, la mortification, la chasteté, toutes choses si inconnues des païens et si inexplicables pour eux. Oui, le doigt de Dieu est là.


Une paix relative suivit l’apaisement de la persécution. La chrétienté en profita pour se resserrer, se raffermir dans le silence et la prière, et même faire de nouvelles conquêtes. Les chefs éminents avaient disparu. Il restait à la vérité Ambroise Kouen, frère aîné de Xavier, et l’illustre famille des Tieng, mais