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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/291

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et extraordinaires, pour exercer le ministère apostolique, partit donc de Péking, au mois de février 1794. Après vingt jours de marche, il arriva aux frontières de la Corée. Des chrétiens l’attendaient afin de l’introduire et de le conduire jusqu’à la capitale ; mais comme la surveillance était alors très-sévère, par suite des ordres donnés pendant la persécution, il fut convenu que la tentative serait différée jusqu’au mois de décembre. En attendant l’époque fixée, le missionnaire visita les chrétientés de la Tartarie, voisines de la Corée, comme l’évêque de Péking lui en avait donné la commission, dans le cas où il ne pourrait pas pénétrer immédiatement en Corée.

Au mois de décembre, le P. Tsiou revint à Pien-men, où Sabas Tsi et d’autres chrétiens s’étaient rendus, pour lui servir de guides. Le prêtre changea ses habits, arrangea ses cheveux à la Coréenne, et, vers le milieu de la nuit du 23 décembre 1794, franchit le fleuve Apno, la terrible barrière qui le séparait de la Corée. D’autres chrétiens l’attendaient sur la rive coréenne du fleuve, à Ei-tsiou, vis-à-vis Pien-men, et le conduisirent jusqu’à la capitale, où il parvint au commencement de l’année 1795. Son arrivée causa une joie et une consolation inexprimables aux chrétiens qui le reçurent comme un ange descendu du ciel.

Le P. Tsiou fut logé dans la maison préparée par Mathias T’soi au quartier nord de la ville. Il commença par faire préparer tout ce qui était nécessaire pour la célébration du saint sacrifice, et se livra tout entier à l’étude de la langue coréenne, afin de pouvoir, le plus tôt possible, exercer le saint ministère. Le jour du Samedi-Saint, il baptisa plusieurs adultes, suppléa les cérémonies de ce sacrement à quelques autres, et reçut un certain nombre de confessions par écrit. Enfin, le jour de Pâques, il eut pour la première fois, en Corée, le bonheur de célébrer la sainte messe et de donner la communion aux personnes qu’il avait confessées la veille.

Tout alla bien jusqu’au mois de juin. Les chrétiens, au comble de leurs vœux, voulaient tous voir le prêtre, et recevoir les sacrements. Bientôt l’affluence fut extrême. Le P. Tsiou, peu au courant des coutumes du pays, recevait facilement tous ceux qui se présentaient, et nul ne songeait à prendre les précautions exigées par la prudence. Sur ces entrefaites, un bachelier nommé Han Ieng-ik-i, de famille noble, qui n’était chrétien que depuis quelques mois et n’avait qu’une foi peu solide, parvint à se faire introduire auprès du prêtre. Cette entrevue fit naître dans son cœur un dessein pervers. Il alla trouver le frère de Ni Piek-i,