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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/334

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lui donnant, à diverses reprises, des sommes assez considérables, Kim Ie-sam-i, toujours plus avide, lié d’ailleurs par ses déclarations antécédentes, retourna à ses habitudes coupables, et se mêla plus que jamais aux complots contre les chrétiens. Ce fut lui qui, deux jours avant le second décret de la régente, conduisit les satellites chez le catéchiste en chef, Jean T’soi Koan-tsien-i. Pour échapper à la persécution, Jean T’soi s’était d’abord retiré chez d’autres chrétiens, mais une indisposition l’avait forcé à revenir chez lui pour se soigner. Il fut saisi au milieu de la nuit et jeté en prison. Peu après, il eut à subir un premier interrogatoire, reçut treize coups de planche, et quoique étendu sans mouvement sur le sol, retrouva assez de force pour expliquer au juge les dix commandements de Dieu, et la vanité du culte des ancêtres.

Beaucoup d’autres chrétiens furent arrêtés, surtout des gens du peuple, des pauvres, des ignorants et des femmes. On eût dit que le nouveau gouvernement n’osait pas s’attaquer de suite aux personnes influentes par leur noblesse ou leur fortune.

Sur ces entrefaites, survint un très-fâcheux accident. Une caisse qui renfermait des livres et des objets de religion, ainsi que des lettres du P. Tsiou et d’autres objets compromettants, avait été déposée dans une maison que l’on croyait sûre. Quand parurent les nouveaux édits de persécution, le dépositaire effrayé voulut la faire reporter au propriétaire, et par précaution l’enveloppa dans des branches de sapin, espérant que le tout passerait pour du bois lié en fagot. Un chrétien nommé Thomas Im consentit à s’en charger. Mais l’étrange forme de ce fardeau fit soupçonner à un agent de police que ce pourrait bien être de la viande de bœuf tué en fraude. Il arrêta donc le porteur et le conduisit jusqu’au poste de la mairie. La caisse fut ouverte devant le mandarin ; tout ce qu’elle contenait, livres, objets de religion et lettres du prêtre, fut confisqué, et Thomas envoyé immédiatement sous escorte au tribunal des voleurs. Ce fut de l’huile jetée sur le feu, et l’agitation devint extrême. Ceci se passait le 19 de la première lune. Cette caisse, au dire d’Alexandre Hoang et des chrétiens de l’époque, appartenait à Augustin Tieng Iak-tsiong, et le mandarin de la mairie le déclara ainsi dans son rapport au grand juge criminel Ni Iou-kieng-i. Celui-ci, soit qu’il conservât des doutes, soit qu’il fût effrayé de la gravité de cette affaire, ne fit pas de plus ample information pour le moment.

Dans les premiers jours de la deuxième lune, ce grand juge criminel fut cassé et remplacé par Sin Tai-hien-i, qui, on ne sait dans