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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/357

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pou, Charles les suivit selon l’usage, et resta en dehors, près de la prison, pour tâcher de leur rendre quelques services, et d’adoucir leur captivité. Il ne quitta point ce poste jusqu’à la mort de son père. Pendant qu’il était là, les juges, à plusieurs reprises, renvoyèrent sommer de faire connaître tout ce qu’il savait des affaires du prêtre, et de déclarer le lieu où il s’était retiré, ajoutant que c’était le seul moyen de sauver la vie à son père. La tentation dut être bien violente pour un cœur comme celui de Charles, néanmoins il ne s’y laissa pas entraîner. On eut beau le mettre à d’horribles tortures ; on eut beau faire subir devant lui d’autres supplices à son père et à son oncle, il resta inébranlable, et ne dit pas un mot qui pût compromettre le prêtre ou la chrétienté. Sorti victorieux de cette épreuve, il continua à rester près de la prison, et quand son frère eut obtenu la couronne, il fut saisi lui-même et traduit devant le tribunal des crimes. Il ne faiblit pas un instant, ne témoignant qu’un désir, celui de suivre son père et, comme lui, de mourir pour Dieu. La captivité dura un peu plus d’un mois, pendant lequel ce jeune homme élevé dans l’abondance et la délicatesse dut, pour se procurer la nourriture, tresser des souliers de paille.

Le jour venu, il marcha résolument au supplice et présenta avec joie sa tête au bourreau. Son corps, recueilli par sa famille, fut enterré avec celui de son père à Ma-tsai. Augustin avait laissé une veuve et trois enfants ; Charles laissait aussi une jeune veuve et un fils. Leur maison et leurs biens ayant été confisqués, tous restaient sans ressources, et leurs parents, par crainte de la mort, semblaient redouter de leur venir en aide. Toutefois, un ancien ami d’Augustin ayant reconduit ces pauvres délaissés à Ma-tsai, on n’eut pas le courage de les chasser, et ils commencèrent dès lors une vie de gêne et d’épreuves, que la Providence rendit, comme nous le verrons plus tard, très-abondante en fruits de salut.

Pierre T’soi Pil-tsie-i, cousin germain du martyr Thomas T’soi, semble avoir, lui aussi, pris beaucoup de part aux affaires de la religion, en Corée. Il était de ceux qui, arrêtés en 1794, se rachetèrent par l’apostasie, mais reprirent bientôt la pratique de tous leurs devoirs religieux. Les efforts continus de son père pour le détacher du christianisme n’eurent aucun succès, et ne servirent qu’à éprouver sa vertu dans le creuset des persécutions domestiques, plus dangereuses souvent que les interrogatoires et les supplices officiels. Pierre fut saisi et emprisonné avec son cousin Thomas.

Celui-ci ayant été décapité, Pierre demanda la permission de