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publièrent cette odieuse calomnie dans une adresse présentée à la régente, et conçue en ces termes : « La femme du rebelle In, et la femme du rebelle Tam, retirées dans les profondeurs du palais, ont communiqué avec une mauvaise race. Après avoir d’abord préparé les voies, par le moyen de plusieurs infâmes esclaves, chaque nuit elles allaient et venaient : elles se sont intimement liées avec des êtres coupables ; puis, cachant et recelant les gens échappés à la justice, elles ont fait de leur demeure un repaire de rebelles. Leurs desseins et leurs ténébreux projets devaient enfin aboutir à une inexprimable monstruosité. Mais comment ceci pourrait-il être seulement l’œuvre de deux femmes ? Le moteur et l’agent de ces infâmes menées est certainement In lui-même. L’ordre de mettre à mort la femme de In et celle de Tam a été sans aucun doute, motivé par une sainte vertu qui veut affermir les principes généraux, et anéantir les complots des méchants. Mais si on laisse In, seulement un quart d’heure, entre le ciel et la terre, la position des rebelles restera la même qu’auparavant ; c’est pourquoi ou demande humblement que le poison soit aussi donné à In, et qu’on le fasse mourir. »

La régente n’eut garde de prendre la défense de ce malheureux prince calomnié, et, bientôt après, quoiqu’il fût frère du roi défunt, et n’eût jamais pratiqué la religion chrétienne, il reçut le poison envoyé officiellement de la cour, et dut le prendre de ses propres mains.

Revenons au procès du P. Tsiou. Il paraît que les ministres tinrent plusieurs fois conseil à son sujet, avant de prendre une résolution définitive. Quelques-uns opinaient pour le renvoyer en Chine, et le faire remettre entre les mains de l’Empereur, d’après une convention internationale portant que « tout sujet de l’un des deux royaumes, qui sera trouvé sur le territoire de l’autre, doit être renvoyé à son propre souverain. » Malgré ce texte formel, le plus grand nombre, ne pouvant se résigner à laisser ainsi impuni le chef d’une religion qu’ils poursuivaient avec rage, votèrent pour le mettre à mort, et obtinrent le consentement de la régente. Voici dans quels termes celle-ci fit rédiger la sentence.

« Le 19 de la quatrième lune. Affaire du coupable Tsiou Moun-mo, de l’affreuse race des étrangers. Lui-même s’appelle Maître de religion et père spirituel. Cachant avec soin son ombre et les traces de ses pas, il a surpris et trompé une foule d’hommes et de femmes, et établi la règle de conférer le baptême. Tout ce qu’il dit n’est qu’une suite de paroles vaines et mensongères. Pendant sept a huit ans, il a détourné dans une