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d’apprendre quelque chose d’inconnu, il avait réellement le désir sincère d’approfondir la doctrine de l’Évangile. Aussi, ne trouvant pas de chrétiens éminents dans le parti No-ron, auquel sa famille appartenait, il résolut de recourir à des membres du parti Nam-in, et fit demander à Ambroise Kouen d’avoir quelques conférences avec lui sur des matières religieuses. Le noble chrétien y consentit avec joie, mais comme les inimitiés héréditaires des deux familles ne permettaient pas qu’on se vît publiquement, Josaphat se rendait de nuit à la maison d’Ambroise. Dès les premiers entretiens, il n’eut pas de peine à croire l’existence de Dieu et le mystère de la sainte Trinité ; mais le simple énoncé du mystère de l’Incarnation renversa toutes ses idées, et il demeura triste et abattu. Plusieurs jours il s’abstint de revenir, croyant que celui qui avait prononcé une telle parole ne pouvait manquer d’être foudroyé, ou frappé de quelqu’autre punition céleste. Puis, voyant que Dieu ne l’avait pas anéanti, il examina de nouveau, et la grâce du Saint-Esprit agissant sur son cœur, il s’avoua vaincu, soumit sa raison à la foi, et embrassa fermement la religion. Le P. Tsiou entendit parler de la droiture d’âme de Josaphat, et lui écrivit pour lui faire connaître le véritable esprit de l’Évangile, et lui faire déposer toute idée de choses merveilleuses et de puissances magiques. Josaphat, ému, se rendit avec joie, rompit définitivement avec les études auxquelles il s’était livré, et se mit à marcher tout droit dans la voie du salut. Il avait alors vingt-deux ans.

Presque tous ses amis suivirent son exemple. De ce nombre étaient les glorieux martyrs, que nous avons vu décapiter à la ville de Nie-tsiou, Martin Ni et Jean Ouen. Kang I-tien-i seul ne crut pas, et demeura plus enfoncé que jamais dans ses rêveries ambitieuses et dans ses chimériques recherches. Deux mois s’étaient à peine écoulés, que les projets de ce dernier et des siens se dévoilèrent, et le gouvernement, croyant voir dans leur conduite une tendance à la révolte, et le danger d’exciter des troubles parmi le peuple, les fit saisir et citer en justice. C’était en 1797. Josaphat se trouva naturellement compromis, à cause de ses rapports antérieurs avec Kang I-tien-i. Heureusement ses belles qualités et sa droiture étaient déjà connues du roi, qui lui ayant donné toute son estime, sut le protéger et le mettre à l’abri des mauvaises suites de cette affaire. Bientôt après, Josaphat fut baptisé par le prêtre, et sa ferveur en reçut une grande augmentation. Il ne craignait pas de se montrer publiquement comme chrétien, instruisait ses parents et amis, les exhortait au bien, et