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CHAPITRE IV.

Martyre d’Alexandre Hoang. — Sa lettre à l’évêque de Péking. — Lettre du roi de Corée à l’empereur de Chine, et réponse de l’empereur.


Le 29 de la neuvième lune, onze jours après l’exécution d’Augustin Niou et de ses compagnons, Alexandre Hoang Sa-ieng-i, que nous avons eu souvent déjà l’occasion de citer, était arrêté sur le territoire de Tsiei-tsien, et amené prisonnier à la capitale.

Alexandre Hoang, malgré sa jeunesse, passait alors, et avec raison, pour l’un des chefs les plus influents de la chrétienté de Corée. Sa naissance aussi bien que son mérite personnel, ses rares talents aussi bien que ses vertus, lui avaient acquis la considération générale. Il appartenait à une des grandes familles du parti Nam-in, distinguée dans le pays par sa noblesse et par les hautes fonctions que plusieurs de ses membres avaient souvent remplies. Doué des plus belles qualités du corps et de l’esprit, il se fit dès l’enfance remarquer entre tous ses compagnons par ses rapides progrès dans les lettres et les sciences. À l’âge de dix-sept ans, il fut couronné aux examens publics et obtint le grade de licencié (tsin-sa). Le roi, ayant entendu parler de ses talents extraordinaires, se le fit présenter, l’entretint quelque temps, le traita avec une bienveillance remarquable, jusqu’à lui serrer le poignet en signe d’amitié, et lui dit en le quittant : « Lorsque vous aurez vingt ans, revenez promptement me voir, je veux à tout prix vous avoir à mon service. »

C’était là une insigne faveur, dans ce pays surtout où les rois ne voient aucune société, n’ont de rapports qu’avec leur famille, et avec les ministres pour les affaires de l’État, et ne se permettent jamais aucune de ces familiarités, même dignes et réservées, que nos usages comportent. Aussi Alexandre dut-il toujours depuis porter un cordon de soie autour du poignet, pour signifier qu’il n’était plus permis au commun des hommes de toucher inconsidérément cette main honorée de l’attouchement de la main royale.

Tout lui présageait donc un brillant avenir, lorsqu’il fut marié à la fille d’un des Tieng de Ma-tsai, cette famille célèbre dont nous avons raconté l’histoire, et entendit pour la première fois parler de la religion chrétienne. Il l’embrassa aussitôt avec