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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/432

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et prit les mesures les plus efficaces pour arrêter le cours du mal. En l’année sin-hay de Kien-long (1791), Yn-tchi-tchung et Tsiuen-chang-ien (Paul Ioun Tsi-tsiong-i et Jacques Kouen Siang-ien-i), avec d’autres, ayant supprimé les sacrifices et détruit tous les objets qui y étaient destinés, furent tous punis de mort. Tout jeune encore, je reçus l’inauguration pour lui succéder[1]. Ces brigands corrompus, étouffant tout sentiment d’égards et de bienséance, se dirent que l’instant était favorable. Dès lors, entre eux une correspondance plus active et plus suivie, une union plus étroite ; bientôt c’est un torrent qui déborde, un incendie qui ravage tout. Leurs complices croissent tous les jours en nombre de la même manière qu’un bourgeon, qui, sortant d’un arbre, en donne lui-même plusieurs autres, lesquels, produisant de la même manière, en très-peu de temps se multiplient à l’infini.

« À la troisième lune de cette année, on a intercepté à Han-tchung, ville du premier ordre, les lettres de ces brigands corrupteurs, de même que les livres de leur doctrine perverse : c’est d’après ces pièces qu’on a entamé leur procès.

« Alors j’assemblai, pour délibérer sur cette affaire, les grands de Y-tchung (Ei-tsieng, Conseil des ministres), les mandarins de Y Rin-fou, Sse Rien-fou, Sse Kien-yuen (le Keum-pou et les autres tribunaux). On commença par l’examen des livres. Il conste qu’ils ont été composés par Ting-io-tchung (Augustin Tieng Iak-tsiong) ; or, selon la déposition de celui-ci, Ly-tcbung-hieun (Pierre Ni Seng-houn-i), de retour d’une ambassade à la suite de son père Ly-tung-yu, avait rapporté des livres qui renfermaient une doctrine d’Europe ; il avait reçu ces livres des Européens de Péking, avec lesquels il s’était lié pendant son séjour en cette capitale. Il communiqua d’abord ces livres à Ly-niée (Ni Piek-i), ensuite à Yn-tchi-tcbung, son frère, à Ting-io-tsuen, Ting-io-yung, Ly-kia-houen et autres (Tieng Iak-tsien, Tieng Iak-iong, Ni Kahoan-i.) Ils étudiaient ces livres, les discutaient ensemble et en faisaient la règle de leur conduite. Par suite, ils renoncent à leurs propres parents pour se faire une secte et des disciples, pensant par ce moyen changer les mœurs de ce royaume ; mais les lois étant très-strictes et sévères, leur dépit s’exhale en murmures, ils maudissent, blasphèment, résistent en face, ne méditent rien moins qu’une révolte. Il y a déjà du temps que Ly-niée est mort, mais

  1. Dans l’original, il n’y a pas : Je reçus, etc. Le roi, comme inférieur, ne parle de lui-même qu’à la troisième personne : Celui qui régit, etc.