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chambre voisine, et entendit très-distinctement tout ce qui se passa entre la victime et les bourreaux. C’est ce chrétien qui, sorti de prison, a raconté à sa famille ce fait édifiant.

Un autre martyr, Jean Ni Ik-oun-i, appelé aussi Mieng-ho, montra le même courage, et mourut d’une manière moins glorieuse peut-être aux yeux des hommes, mais non moins méritoire devant Dieu. Descendu d’une noble famille du parti Nam-in, Ni Ik-oun-i était gouverneur de la province de Kieng-kei avant et pendant la persécution de 1801. Ayant embrassé la religion, il travailla à réprimer son caractère trop vif, et à régler toutes ses actions d’après les exemples de Jésus-Christ et des saints. Il se mortifiait continuellement dans ses repas, ne fréquentait plus les sociétés mondaines, et vivait seul dans un appartement retiré. Le dimanche seulement, il sortait pour aller se joindre à quelques chrétiens, et se livrer en leur compagnie à la prière, à des lectures et conversations pieuses. Son père, alarmé du danger qu’une telle conduite faisait courir à toute la famille, ne négligea rien pour lui faire abandonner la foi, mais sans succès. Le péril devenait de plus en plus imminent, et la haute position de sa maison ne permettait pas à Jean de s’y soustraire par la fuite. Il attendait donc avec résignation les ordres de la Providence, quand son père, aveuglé par la peur et par la colère, lui ordonna de prendre du poison. Jean refusa de le faire ; mais plusieurs personnes s’étant réunies à son père, on le saisit violemment, et on parvint à le lui faire avaler de force. Il en mourut après quelques heures.

À la ville de Niei-tsiou, on signale une jeune veuve nommée Ni, de la branche de Oan-san, fervente chrétienne, qui fut prise et exécutée avec un de ses parents.

Au district de Piek-tieng, province de T’siong-t’sieng, un noble nommé T’soi, plus connu des chrétiens sous le nom de T’soi-pan, après s’être séparé, pour devenir chrétien, d’une concubine qu’il aimait tendrement, et avoir donné, pendant plusieurs années, l’exemple d’une fervente exactitude à tous ses devoirs, fut pris et décapité.

Thomas Kim, natif du district de Tek-san, qui avait accompagné le P. Tsiou dans ses courses, comme conducteur de son cheval, eut aussi la tête tranchée.

Paul Ioun, de Tsiour-oul, district de Tek-san, et Thomas Han de Olkou-tsi, district de Tien-t’sien, furent tous deux martyrisés à la ville de Hong-tsiou.

À Kong-tsiou, furent exécutés un homme et une femme, de la famille Ouen.