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Tsieng Tsiou-seng-i, mandarin de Iang-keun, qui faisait ses barbares délices de tourmenter et massacrer les chrétiens, devint aveugle, perdit son fils unique, et vit, avant de mourir, sa maison entièrement ruinée. On dit que les débris de cette famille végètent encore aujourd’hui, dans la plus grande misère, au district de T’siong-tsiou, abhorrés des païens eux-mêmes qui les montrent au doigt, comme une race maudite du ciel.

Pierre Ni Seng-hoa raconte dans ses mémoires, comme un fait connu de tous, l’histoire d’un malheureux apostat qui, d’accord avec les satellites, vexait, dénonçait, pillait les chrétiens. Envoyé plus tard en exil pour quelque crime, il se pendit de désespoir ; son corps, brûlé par accident, resta sans sépulture ; sa famille perdit tout ce qu’elle possédait, et ses descendants sont maintenant réduits à la mendicité.

Dans le Nai-po, un traître, nommé Tsio Hoa-tsin-i, qui par ses délations, avait causé la mort de plusieurs chrétiens, continua après la persécution sa vie de scélératesse et de brigandages, jusqu’à ce que, poursuivi par les tribunaux, il se fit à lui-même justice en se suicidant.

Un autre, du nom de Kang Tong-ok-i, s’étant rendu coupable de divers crimes, fut envoyé en exil, où, par son insolence, sa mauvaise foi et ses escroqueries, il exaspéra tellement les gens du pays, qu’ils mirent le feu à sa maison, et le brûlèrent vif. Ses parents étant venus chercher son cadavre pour l’ensevelir, le déposèrent, pendant la nuit, près d’une rivière vis-à-vis de l’auberge. Une pluie abondante survint inopinément, la rivière déborda, et le cadavre fut emporté sans qu’on pût en retrouver aucun vestige ; punition redoutable dans ce pays, où, de même qu’en Chine, la privation de sépulture est considérée comme une peine plus terrible que la mort.

Des faits analogues eurent lieu dans d’autres provinces, mais ceux-là suffisent pour prouver qu’en Corée aussi bien qu’ailleurs, Dieu punit presque toujours, dès ce monde, les ennemis de son Christ et de son Église.


D’après les ordres précis du gouvernement, les exécutions sanglantes cessèrent avec l’année sin-iou ; la proclamation royale fut affichée dans toute la Corée, pour les fêtes du nouvel an, et, les prisons étant vides de chrétiens, les bourreaux purent se reposer quelque temps. Le succès des persécuteurs semblait assuré. Leurs rancunes politiques et leurs haines religieuses étaient également satisfaites, et la double campagne entreprise par eux aboutissait enfin à une double victoire.