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chrétienté coréenne ne purent être satisfaits. L’évêque de Péking était toujours dans les mêmes embarras qu’auparavant, et non-seulement il ne put pas envoyer de prêtre, mais il n’osa pas même en promettre un pour plus tard.

Depuis son retour de ce voyage, Jean Ni Ie-tsin-i ne paraît plus d’une manière saillante dans l’histoire de la chrétienté. Il avait eu l’honneur de renouer les relations avec l’église de Chine. Là, semble-t-il, s’est bornée sa mission, et désormais il n’aidera plus ses frères que par ses exemples et ses exhortations. Dieu, pour augmenter sa vertu, permit qu’il fût cruellement éprouvé en 1815, où il perdit coup sur coup, dans l’espace de trois mois, sa mère, sa femme, son frère, sa belle-sœur et un neveu. Il mourut tranquillement en 1830, à Eug-i, district de Iang-tsi.

Jean Kouen Kei-in-i qui avait, lui aussi, fait tant de démarches, pris tant de soins, et subi tant de fatigues pour procurer de nouveaux prêtres à la Corée, fut vivement affecté de l’insuccès de ce second voyage. « C’est de ma faute, disait-il souvent ; je suis un trop grand pécheur, je ne puis attirer les regards favorables de Dieu, et il refuse d’écouter mes continuelles prières. » Il était allé s’établir dans les montagnes, pour pouvoir plus librement s’occuper des affaires de la chrétienté. Quelque temps après le retour de Jean Ni, il dit à ceux qui étaient près de lui : « Je ne suis pas loin de ma dernière heure. » En effet, il tomba bientôt gravement malade, et mourut à la troisième lune de l’année kap-sioul (1814), à l’âge de quarante-sept ans.

Cette même année, Pie Kim Tsin-ou termina son orageuse carrière. Né à Sol-moi, au district de Mien-t’sien, d’une famille honnête, il s’était livré passionnément aux superstitions, à la magie, et à la géoscopie. Il avait environ cinquante ans quand il entendit parler de la religion chrétienne pour la première fois ; mais son cœur, uniquement désireux des honneurs, des richesses et des plaisirs de ce monde, resta alors sourd à la voix de la grâce. Ayant obtenu une petite fonction près du gouverneur de la province, il résista encore longtemps aux sollicitations de son propre fils. À la fin cependant, son âme fut gagnée à Jésus-Christ ; il donna sa démission, rompit avec ses amis païens, et se mit à pratiquer avec ferveur. Traduit une première fois devant les tribunaux, en 1791, il confessa courageusement la foi. Ayant échappé alors, on ne sait trop comment, il fut successivement repris et relâché quatre ou cinq fois, et eut à subir des interrogatoires et des tortures à Hong-tsiou, à Tsien-tsiou et à Kong-tsiou. On croit que pendant