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quelques autres parents le firent changer d’avis, et il se maria à la fille d’André Sie. Depuis, il regretta souvent de n’avoir pas persisté dans son premier projet, ce qui ne l’empêchait nullement de vivre en très-bonne intelligence avec sa femme et toute sa famille. Lors de son arrestation, il dit à ses compagnons de tout rejeter sur lui dans les interrogatoires que le mandarin allait leur faire subir, et fut, en conséquence, torturé plus violemment que les autres ; mais toujours humble et ferme, il ne se démentit pas un instant. Conduit à Tai-kou, il eut à supporter coup sur coup des supplices si atroces que plusieurs fois il en perdit connaissance, sans que sa ferveur et son courage fussent ébranlés. Il avait été condamné à mort, mais avant le jour marqué pour l’exécution, il mourut en prison sous les coups, ou des suites de ses blessures, pendant la cinquième lune de l’année eul-hai (1815). Il était âgé d’un peu plus de trente ans.

Alexis Kim Si-ou-i ou Si-ou-tsai, de la branche des Kim de Nien-san, était d’une famille noble du district de T’sieng-iang. Il avait un caractère bon et patient, et pratiquait la religion avec une ferveur remarquable, mais ayant tout le côté droit paralysé, il vivait très-pauvrement et n’avait pu se marier. Il allait de côté et d’autre chez les chrétiens qui le soutenaient de leurs aumônes. Assez instruit et plein d’adresse, comme il ne pouvait écrire de la main droite, il se servait de la gauche pour copier des livres, et se procurer ainsi quelques ressources. Non content d’expliquer les vérités de la religion aux chrétiens toutes les fois qu’il le pouvait, il instruisit et convertit beaucoup de païens ; aussi jouissait-il dans le pays d’une grande réputation de piété et de science. Il avait suivi les chrétiens à Morai-san, et fut témoin de l’arrestation opérée le jour de Pâques, mais n’ayant pas été pris lui-même, il se mit à pleurer. « Qu’as-tu donc à pleurer, lui dirent les satellites ? — Moi aussi, je suis chrétien, répondit-il, mais parce que je suis estropié, vous ne voulez pas m’emmener. C’est ce qui me fait verser des larmes. — Oh ! reprirent les satellites, si tel est ton désir, viens aussi avec nous. « Et aussitôt il les suivit d’un air joyeux. Traduit devant le tribunal de Kieng-tsiou, il eut, malgré son état de maladie, de fréquents supplices à endurer, et sa constance fit l’admiration des juges. Transféré à Tai-kou, il fut cité d’abord devant le juge criminel, puis devant le gouverneur qui lui dit : « On prétend que tu adores Jésus ; mais ce Jésus, qu’est-ce autre chose qu’un homme mort sous les coups de ceux qui l’ont crucifié ? Or, quelle raison pour adorer un homme tué par d’autres, et qu’y a-t-il de si beau dans sa mort ? » Alexis répondit : « Pendant