Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/511

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corps trouve bien de quoi se conserver la vie, comment l’âme ne pourrait-elle pas aussi le faire ? Les choses de ce monde ne sont en elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises ; en use-t-on bien ? elles sont bonnes ; en use-t-on mal ? elles sont mauvaises. Elles sont semblables à une échelle qui sert également pour monter et pour descendre, et chacune peut nous servir à éviter le péché et acquérir des mérites. En tout agissez avec joie et pour Jésus, et vous êtes un élu. Mais puisque tout dépend de la bonne ou mauvaise volonté, auriez-vous même des difficultés énormes, Supportez-les avec patience pour Jésus, et elles opèrent le salut de l’âme et font obtenir le royaume du ciel. C’est pourquoi en traversant ce monde de douleurs et de tribulation, ne cherchez que la gloire de Dieu. Démolissez les montagnes de l’orgueil, de la concupiscence et de la colère ; marchez en volant au bonheur éternel.

« Pour moi entré dans ce lieu de souffrances depuis déjà un an, et par un bienfait très-spécial, ayant conservé ma santé, je remercie Dieu de cette faveur. Je suis sur la route du martyre, j’ose presque espérer ce dernier bienfait, mais je suis trop indigne de le recevoir. Les choses traînent en longueur, et aucune décision n’arrive ; j’en suis tout effrayé. Le corps en est plus à l’aise, mais l’âme en devient d’autant plus malade, et dans ce corps vivant l’âme est comme morte. Si je ne puis obtenir cette faveur signalée, comment désormais résister aux trois terribles ennemis ? Quand le corps est faible, l’âme devient plus forte ; et si l’âme est faible, le corps reprend le dessus. Le temps ne revient pas deux fois ; si je perds l’occasion présente, à tout jamais je ne pourrai la retrouver. ; et plus je réfléchis à l’état des choses, plus je crains de manquer le bon moment. Espérer sans fondement serait folie ; aussi, avant tout, j’espère en une grâce toute gratuite de Dieu, en second lieu, je compte sur les prières de tous les chrétiens. Priez donc et priez de tout cœur et de toutes vos forces ; priez tous les jours, pour que je porte du fruit, et ne devienne pas comme les arbres des forêts.

« J’avais une première fois reçu quelques objets, mais sans aucune lettre, et j’ignorais par qui c’était envoyé ; cette fois en lisant votre billet, j’ai tout compris. Ce qui m’est arrivé par cette seconde occasion, me sera fort utile dans les grands froids. Mille et mille remercîments. Au milieu de la gêne générale, je me trouve ainsi à charge à bien des personnes. Dieu veuille que j’arrive au but que mes soupirs appellent si ardemment ! »

Enfin André Kim écrivit aux chrétiens Ni et Iou, pour leur recommander sa femme.