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que pour les choses de la religion, et son but principal était de rendre possible l’introduction d’un prêtre en Corée. Il y travailla longtemps de toutes ses forces, et quand Paul Tieng dut faire le voyage de Péking, il se chargea de presque tous les préparatifs. Il serait difficile de redire les peines et les ennuis qu’il eut alors à supporter, sans jamais faire paraître la moindre impatience ou le moindre découragement.

Thérèse, de son côté, n’était pas moins assidue à faire tout le bien qui était en son pouvoir. Jalouse avant tout de son avancement spirituel, elle s’efforçait de se le procurer par divers exercices de mortification ; elle jeûnait habituellement deux fois par semaine, et mêlait très-souvent à son riz, en secret, de la cendre ou de la poussière. Presque toujours maladive, elle supportait ses douleurs avec joie, s’unissant à Jésus-Christ souffrant et crucifié, et s’appliquant à l’oraison avec tant de ferveur, qu’elle en oubliait tous les besoins du corps, et souvent ne pensait ni à manger ni à dormir. Plus d’une fois les gens de la maison durent la rappeler à elle-même. Elle ne donnait que quelques heures au sommeil, et partageait tout son temps entre la prière, la lecture des livres de religion, et l’instruction ou la consolation du prochain. Elle était toujours disposée à répondre à quiconque s’adressait à elle pour demander quelque explication ou quelque conseil, et tous ceux qui l’entendaient s’en retournaient chez eux satisfaits, touchés et édifiés.

Le démon ne pouvait voir d’un œil tranquille tant de vertu et de zèle. Aussi, pendant les quinze ans que Pierre et Thérèse vécurent ensemble dans la continence, leur suscita-t-il de violentes tentations pour les faire renoncer à leur sainte résolution. Pierre surtout fut, à différentes reprises, sur le point de violer sa promesse ; mais, chaque fois, Thérèse sut par de bonnes paroles le faire revenir à ses premiers sentiments ; aussi tous deux ne cessaient d’en rendre au Seigneur de ferventes actions de grâces. Ils s’étaient ainsi longuement préparés par l’exercice de toutes les vertus, quand Dieu permit qu’ils fussent mis à l’épreuve des grandes tribulations. Vers la fin de la troisième lune de l’année tieng-t’siouk (1817), au moment où l’on attendait de jour en jour le retour de Péking de Paul Tieng, un calendrier ecclésiastique fut saisi sur Pierre Tsio, ou selon d’autres, sur un nouveau catéchumène qu’il instruisait alors et qui l’aurait dénoncé. Quoi qu’il en soit, ce calendrier ayant été porté au grand juge criminel, celui-ci expédia immédiatement ses satellites pour arrêter Pierre. Thérèse ne voulant pas se séparer de son mari, ni le laisser seul