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que vous suivez. » André se mit aussitôt à développer la doctrine chrétienne sur l’existence et la nature de Dieu, puis à expliquer en détail les dix commandements. Le juge lui dit : « Parlant aussi bien que tu le fais, tu as certainement beaucoup de disciples, fais-les connaître en détail. » Sur son refus, il commanda de le frapper avec le gros bâton, puis lui fit subir l’écartement des os, et enfin ordonna de lui scier les jambes avec une corde. Ce supplice affreux est quelquefois, par un raffinement de barbarie, infligé entre les jambes, sur les parties naturelles. André toutefois paraît n’avoir été scié ainsi que sur les cuisses. Ses chairs étaient brûlantes, et les os paraissaient à nu, mais il ne cessait de répéter : « Dussé-je mourir, je ne puis dénoncer personne. — Et pourquoi ne peux-tu pas ? — C’est qu’un homme juste ne peut rien faire qui doive tourner au détriment des autres. » Pendant trois jours consécutifs, il subit de semblables supplices sans faiblir. Au contraire, sa joie toute spirituelle augmentait de plus en plus.

Peu de temps après, il fut envoyé au tribunal du gouverneur à Tai-kou. Là encore il fut mis à la torture, et à la sommation de renier Jésus-Christ, il répondit : « Si j’avais voulu apostasier, je l’aurais fait devant le premier tribunal. À quoi bon venir jusqu’ici ? » Le gouverneur tout en colère dit : « Il faut que tu meures ; » et après lui avoir fait endurer des supplices extraordinaires, ne pouvant rien en obtenir il le renvoya en prison. Le lendemain, André fut cité de nouveau. « As-tu changé de sentiment ? » lui demanda le juge. « Je n’ai aucune envie d’en changer, » répondit-il, et il fut remis à la torture. Quelques jours après, il dut se rendre au tribunal de Tsien-tsiou, pour répondre sur certains objets de religion, que les chrétiens emprisonnés dans cette ville avaient déclaré tenir de lui. Malgré l’affreux état de son corps tout déchiré, il fut jeté sur un cheval, et fit cette longue route avec des souffrances qu’il est plus facile d’imaginer que de dépeindre. Puis, après avoir subi un nouvel interrogatoire à Tsien-tsiou, il revint à sa première prison. Il avait parcouru ainsi près de mille lys (cent lieues). Il fut enfin condamné à mort, et déposé à la prison en attendant l’exécution de sa sentence.

Richard An Koun-sim-i était originaire du district de Po-rieng. C’était un homme d’un visage ouvert, d’un caractère humble et complaisant. Après avoir embrassé la religion dans sa jeunesse, il quitta son pays natal, pour la pratiquer plus librement. On admirait surtout le soin qu’il prenait de la bonne