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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/585

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chrétiens, il n’en restera pas, sous le ciel, même une petite graine, pour propager désormais la doctrine de Fô. »

On ne voit pas que de nouvelles arrestations de chrétiens aient eu lieu après la cinquième lune. Le zèle des persécuteurs s’était-il ralenti de lui-même, ou des ordres secrets de la cour étaient-ils intervenus ? nous l’ignorons. À cette époque, on ne songea plus qu’à se débarrasser des prisonniers. Tous furent interrogés de nouveau ; on relâcha les uns, on envoya les autres en exil. Les petits enfants de Paul Pak furent, à cause de leur jeunesse, mis en liberté. En les quittant Paul leur dit : « Allez et conservez vos âmes pures de tout péché, et si vous aviez le malheur d’offenser Dieu, repentez-vous sincèrement. Pratiquez toujours fidèlement notre sainte religion. Avant dix ans d’ici, les chrétiens de Corée auront un grand sujet de joie. » Il voulait parler de l’entrée des prêtres dans le pays.

Après quelques jours, il ne resta plus dans les prisons de Tai-kou que les six confesseurs dont nous avons parlé. Inébranlables dans leur résolution et, voyant que l’exécution de leur sentence traînait en longueur, ils s’établirent dans les cachots comme pour y passer leur vie. Chacun d’eux, pour soutenir son existence, confectionnait des souliers de paille, ou exerçait quelque autre petit métier. Un nouveau gouverneur ayant remplacé le précèdent, les fit citer à sa barre et, après un court interrogatoire, les fit battre très-violemment. Paul Pak, épuisé par l’âge et par les divers supplices qu’il avait endurés, ne put survivre à ces nouvelles tortures. Rentré à la prison, il languit encore quelques jours, puis, sentant que sa fin approchait, il appela auprès de lui son fils André et les autres prisonniers condamnés à mort, les exhorta a la constance et à la fidélité dans le service de Dieu. « Regardez cette prison, leur dit-il, comme un séjour de bonheur ne laissez pas partager votre cœur par une affection excessive et déréglée pour les parents ou enfants que vous avez au dehors, et suivez mes traces. On est bien heureux de mourir pour Jésus-Christ. » Après quoi, il rendit son âme à Dieu dans un calme et une paix admirables, le 27 de la neuvième lune de l’année tieng-hai (1827), à l’âge de soixante et onze ans. Il avait été cinq mois en prison. Ainsi mourut ce digne confesseur de la foi, dont la mémoire est restée en grande vénération dans tout le pays. Sa bonté extraordinaire, sa douceur inaltérable, l’hospitalité qu’il exerçait si généreusement envers tous, son zèle à répandre la religion chrétienne, et les autres vertus dont il donna toujours de si beaux exemples, pendant sa longue carrière,