Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/592

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lao-tse. Cependant le monde n’avait aucun attrait pour lui, et il faisait si peu de cas de la gloire et de la réputation, qu’il ne voulut pas se donner la peine de concourir aux examens publics. Toujours dans un coin, modestement assis, plongé dans quelque méditation, il adressait à peine la parole à ses amis, et ne répondait pas à leurs plaisanteries. Aussi le signalait-on dans tout le pays comme un sage, et sa réputation de savoir et de vertu se répandant au loin, beaucoup de personnes venaient le voir et lui demander la solution des plus difficiles problèmes.

Ennuyé de cette affluence, il quitta son pays en cachette et se retira au pied de la montagne Tai-paik-san, au district de Sioun-heng, pour y jouir de la solitude, et continuer ses travaux. C’est là que la grâce l’attendait. À peine fut-il arrivé, qu’il fit connaissance avec un chrétien instruit et capable, qui habitait dans ces mêmes montagnes. Leurs conversations roulant toujours sur les sciences, il eut bientôt conçu une haute estime pour ce chrétien, que la lumière de la vérité mettait à même de traiter et de résoudre des questions inconnues aux païens. Plus il le consultait, et plus son admiration augmentait. Le chrétien fut peu à peu amené à parler de sa religion, et à peine en eut-il exposé les premiers principes, que Ho-ien-i, tressaillant de joie, lui dit : « Voilà ce que je cherchais. Toute ma vie, j’avais présumé que l’homme doit avoir une fin digne de lui, mais ne trouvant rien là-dessus dans nos livres sacrés, j’en étais resté à des doutes ; aujourd’hui, j’ai rencontré la vraie doctrine. »

Sans perdre de temps, il se mit à étudier quelques livres de religion, rompit à l’instant avec toutes les superstitions païennes, et détestant toutes les erreurs dont son âme avait été jusqu’alors victime, ne pensa plus qu’à obtenir la connaissance et la grâce de Dieu. Tout occupé à cette préparation, il ne prenait aucun repos. Il passa ensuite une vingtaine de jours dans les exercices de la pénitence pour purifier son âme, et invita le chrétien à aller faire une promenade avec lui. Ils devisaient ensemble, quand arrivés sur les bords d’un petit ruisseau, Ho-ien-i, qui avait tout calculé d’avance, se mit à genoux, demanda le baptême, et fit des instances si pressantes que le chrétien ne put y résister ; il lui administra le sacrement de la régénération. Ho-ien-i prit le nom de Paul. Tout ce jour, des larmes abondantes coulaient de ses yeux, et dans l’excès de son bonheur, il disait : « Pour remercier Dieu de ses incomparables bienfaits, il n’y a d’autre moyen que de souffrir le martyre. » Sa ferveur augmenta dès lors d’une manière prodigieuse. Il ne s’occupait