Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

6o Le sam-mo-tsang ou incisions faites avec une hache ou cognée en bois qui enlève des tranches de chair.

Etc… etc…

L’application plus ou moins longue et plus ou moins cruelle de ces diverses tortures, est entièrement laissée au caprice des juges, qui souvent, surtout quand il s’agit de chrétiens emprisonnés pour cause de religion, se livrent à des excès de rage, et inventent des raffinements de barbarie, à faire frémir la nature. Il est rare qu’après un interrogatoire suivi de pareilles tortures, le patient puisse se traîner ; les bourreaux le ramassent sur deux bâtons, et le portent, bras et jambes pendants, à la prison. Quand un accusé est reconnu coupable, et que malgré les supplices il refuse de confesser sa faute, le juge compétent porte la sentence de mort, et à dater de ce moment, il est défendu de le torturer davantage. La loi exige que le condamné, avant de subir sa sentence, la signe de sa propre main pour reconnaître la justice du châtiment qui lui est infligé. Les martyrs ont souvent refusé de signer, parce que la formule officielle de condamnation portait ces mots ou d’autres analogues : coupable d’avoir suivi une religion fausse, une superstition nouvelle et odieuse, etc… « Notre religion est la seule vraie, disaient-ils, nous ne pouvons attester qu’elle est fausse. » En pareil cas, on leur prenait la main, et on les faisait signer de force.

Quand le condamné à mort est un grand dignitaire, sa sentence s’exécute en secret, par le poison. Généralement, on fait entrer la victime dans une chambre extraordinairement chauffée, on lui donne une forte dose d’arsenic, et il meurt en peu de temps. Tous les autres coupables sont mis à mort publiquement.

Il y a trois sortes d’exécutions solennelles :

La première est l’exécution militaire, nommée koun-moun-hio-siou. Elle se fait dans un lieu spécial, à Sai-nam-to, à dix lys de la capitale. Cet endroit est quelquefois aussi appelé No-toul, du nom d’un village qui se trouve non loin de là, sur les bords du fleuve. Le condamné y est porté sur une litière en paille. L’exécution doit être présidée par le général commandant l’un des grands établissements militaires de la capitale. Les troupes commencent par faire autour du patient une série de manœuvres et d’évolutions ; puis on lui barbouille le visage de chaux, on lui lie les bras derrière le dos, et, lui passant un bâton sous les épaules, on le promène à diverses reprises autour du lieu du supplice. Ensuite, on hisse un drapeau au sommet d’un mât, et on lit à haute voix la sentence avec tous ses considérants. Enfin on