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deux ans auparavant, avec la somme donnée par mon très-cher seigneur de Capse. J’y trouvai M. Yu, avec une vingtaine de chrétiens. »

À peine arrivé dans la capitale de la Corée, M. Maubant voulut s’appliquer uniquement à l’étude de la langue du pays ; mais les chrétiens ne lui en laissèrent pas le loisir. Tous désiraient recevoir les sacrements : ils craignaient de mourir ou de voir mourir leur missionnaire avant d’avoir pu se confesser et recevoir la sainte communion. Ceux qui connaissaient les caractères chinois, écrivaient leur confession ; ceux qui ne les connaissaient pas, la faisaient écrire par d’autres. Ils priaient le missionnaire de vouloir bien leur permettre de se confesser par interprète. À la vue de cet empressement, M. Maubant entreprit d’écrire une formule d’examen de conscience en chinois, pour la traduire ensuite en coréen. Dès lors, il fut moins que jamais maître de ses moments. « Ce matin, écrivait-il le samedi saint, deux mois après son arrivée, nos chrétiens étaient au comble de la joie. Ils n’avaient jamais vu célébrer l’office du samedi saint. Ils ont vu un seul prêtre le célébrer. Qu’auraient-ils dit s’ils avaient vu un office pontifical ? La cérémonie a duré depuis cinq heures jusqu’à midi environ ; je dis environ, car nous n’avons ni montre, ni horloge, ni aucune espèce de cadran. J’ai baptisé sept adultes. Le plus grand obstacle à la beauté de la cérémonie, après le défaut d’officiers, venait de l’appartement même. Nous avions ajusté une croix au bout d’un roseau, mais on ne pouvait élever au-dessus de sa tête ni la croix, ni le cierge pascal, ni le roseau. Ordinairement, on ne peut entrer dans les appartements des Coréens sans se courber : un homme de cinq pieds et quelques pouces n’y est pas à l’aise. »

Après Pâques, M. Maubant continua ses travaux apostoliques, d’abord à Séoul, ensuite dans les provinces de Kiang-ki-tao et Tchong-tching-tao, où il visita seize ou dix-sept chrétientés. Au mois de décembre, il avait baptisé deux cent treize adultes et entendu plus de six cents confessions. Il établissait, partout où il le pouvait, des catéchistes pour réunir les chrétiens aux jours de dimanches et de fêtes. Dans ces réunions, on prie en commun, on lit quelques passages du catéchisme, de l’Évangile, de la Vie des saints, etc. ; puis le catéchiste, qui ordinairement est le chrétien le plus capable et le plus instruit du village, explique ce qu’on a lu.

Un moment, on put craindre que la persécution ne vînt troubler ces travaux à peine commencés. Après la mort de son