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à M. Maubant, par les chrétiens, comme l’un des plus dignes du sacerdoce. Ce bon jeune homme vit approcher la mort sans terreur ; il demanda les sacrements aux premières approches du danger, les reçut avec un recueillement profond, et mourut en pressant le crucifix sur ses lèvres et en répétant : Jesu bone ! bone Deus !

À cette époque, Mgr Imbert préparait trois autres élèves qu’il comptait envoyer à la fin de 1839. Mais, comme il récrivait lui-même, « les trois enfants que M. Maubant a fait partir, et trois autres que j’espère envoyer moi-même, sont une espérance trop éloignée. À l’exemple de Mgr de Béryte au Tong-king, et de tous nos premiers vicaires apostoliques, j’ai fait, dès mon arrivée ici, chercher des sujets d’un âge mûr, et propres au sacerdoce. Le Seigneur m’a fait la grâce de trouver d’abord notre courrier de Péking, âgé de quarante-deux ans, qui a toujours gardé le célibat et a été notre introducteur à tous en Corée. C’est le fils du glorieux martyr Augustin, qui, dans la persécution de 1801, voulut être décapité les yeux tournés vers le ciel. Je compte aussi sur un veuf, âgé de trente-deux ans, et sur deux autres jeunes gens. Tout en apprenant moi-même la langue coréenne, je me suis imposé le devoir de leur faire deux classes par jour. Cet été, ils ont appris à lire passablement le latin, et j’ai déjà mis les deux premiers à l’étude de la théologie, traduite en chinois par M. Hamel, du Sutchuen ; de sorte que j’espère, dans trois ans, pouvoir faire une ordination. Que le Seigneur daigne nous accorder la paix ! »

Mais les desseins de Dieu ne sont pas les desseins de l’homme, et ses voies ne sont pas nos voies. Ces belles espérances devaient être cruellement déçues. Quelques mois après la date de cette lettre, Mgr Imbert et ses deux confrères marchaient ensemble au martyre, et l’Église de Corée se trouvait de nouveau sans pasteur !