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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/19

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telles à Siam, que la résistance aux désirs du vicaire apostolique eût été inexcusable. Ce fut à ce moment-là même, qu’on reçut à Bang-kok la lettre des directeurs du séminaire, rendant compte et de la proposition de la Propagande relative à la mission de Corée, et de la réponse qu’ils y avaient faite. M. Bruguière, qui plus d’une fois déjà avait voulu voler au secours des Coréens, ne pouvait rester indifférent à une semblable nouvelle. Il se fit aussitôt leur avocat dans une lettre que nous donnons ici presque en entier, car ce chaleureux plaidoyer pour la Corée est en même temps un pressant appel au zèle des missionnaires.


« Messieurs et chers confrères,

« J’ai appris, par une lettre commune envoyée à toutes les missions, que la Sacrée Congrégation vous avait offert la Corée, et que vous hésitiez à accepter cette offre, au moins pour le moment. Le défaut d’argent, le petit nombre des missionnaires, les besoins des autres missions, la difficulté presque insurmontable de pénétrer dans cette contrée, l’insuffisance des moyens que ces malheureux néophytes indiquent pour introduire les missionnaires, vous ont paru des motifs suffisants pour remettre cette affaire à des temps plus favorables… Mgr de Sozopolis désire, de tout son cœur, que notre Société se charge au plus tôt de cette nouvelle mission ; il se propose de vous en parler dans sa lettre. Quelque grand que soit son zèle pour la réussite de cette affaire, je doute qu’il égale le mien. C’est l’ardent désir d’être utile à ces infortunés chrétiens qui m’engage à vous écrire en leur faveur. Je suis persuadé d’avance que vous êtes portés de la meilleure volonté à leur égard, et que c’est seulement l’impossibilité de faire mieux qui vous a engagés à attendre encore quelques années. Ces motifs sont louables et fort prudents ; la Sacrée Congrégation a paru y applaudir, mais la question est-elle tellement terminée qu’elle ne puisse plus être remise en litige et être soumise à un nouvel examen ? je ne le pense pas. Ce n’est point par un motif de suffisance ridicule, et pour avoir l’air de donner des avis à ceux qui en savent plus que moi, mais uniquement pour obéir à ma conscience, que je prendrai la liberté de rappeler en détail les différents motifs mentionnés plus haut, et d’y joindre quelques réflexions que je vous prie d’examiner au pied des autels, et de peser au poids du sanctuaire.

« 1o Nous n’avons pas d’argent. — Mais n’est-il pas vrai que, grâce à l’association de la Propagation de la foi, la recette couvre la dépense ? D’ailleurs la Sacrée Congrégation offre des aumônes