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coup de détails sur les martyrs de cette époque. Huit mois se passèrent ainsi. Il fut enfin arrêté avec sa femme, la vertueuse Barbe Ko, fille de Ko Koang, martyrisé en 1801. Attachée de toute son âme à la foi que son père avait scellée de son sang, Barbe, après son mariage avec Augustin, avait fait de sa maison le modèle des ménages chrétiens. Secondant son mari dans l’exercice des bonnes œuvres, elle s’appliquait de son côté à exciter les tièdes, à instruire les ignorants et à soigner les malades de son sexe. Après l’arrestation d’Augustin, elle songea à se livrer elle-même. Elle n’en eut pas le temps, car dès le lendemain les satellites vinrent la saisir à son tour. Les deux époux se rencontrèrent à la prison des voleurs, et, remerciant Dieu de ce bienfait, ils se félicitèrent mutuellement, et s’encouragèrent à marcher d’un pas ferme dans cette nouvelle voie de souffrances. Le grand juge criminel leur fit subir ensemble les interrogatoires, et leur fermeté étant la même, ensemble aussi ils furent mis à la question. Pendant six séances consécutives, on les tortura d’une manière si atroce, que tous deux furent réduits à ne pouvoir plus se servir ni des bras, ni des jambes. Mais Dieu leur avait donné l’esprit de force, et le calme ne les abandonna pas un seul instant. Dix jours plus tard, ils furent encore envoyés ensemble au tribunal des crimes où, après de nouveaux supplices endurés avec la même constance, ils furent condamnés à mort. « Autrefois, disait Barbe dans la prison, autrefois, en entendant seulement parler du martyre, je tremblais : mais le Saint-Esprit a daigné environner de ses grâces une pécheresse telle que moi ; je n’ai plus aucune crainte et je suis dans la joie. Je ne savais pas que ce fût chose si facile. » Elle attendait la mort avec impatience, comptant sur ses doigts le nombre de jours qui restaient encore avant celui fixé pour l’exécution.

Augustin fut bientôt rejoint en prison par Jean Ni, autre catéchiste de la capitale. Jean Ni Kieng-t’sien-i était d’une famille chrétienne et noble de Tong-san-mit, au district de Ni-t’sien, et avait sucé avec le lait la foi de ses parents. Devenu orphelin dès l’âge de cinq ans, il fut emmené à la capitale et adopté par une femme chrétienne. Dès le jeune âge, son obéissance et sa piété filiale envers sa bienfaitrice le firent remarquer de tous. Il désirait garder le célibat, mais par humble déférence pour les vœux de sa mère adoptive, il consentit à se marier, et accomplit d’une manière exemplaire tous les devoirs d’un époux chrétien, pendant les quelques années que vécut sa femme. Dieu l’ayant appelée à lui, ainsi que les deux petits enfants qu’il en