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filiale envers son beau-père et sa belle-mère. Elle remerciait Dieu fréquemment de l’avoir mise dans une position où la vertu lui était comparativement facile. Elle vivait dans la pauvreté, s’exerçait à la pratique de la mortification par des jeûnes et des abstinences volontaires, s’efforçait de soulager les malheureux, et s’imposait surtout, avec plaisir, la tâche ingrate d’instruire les ignorants. Prise dans la maison de Protais, elle fit hardiment sa profession de foi et supporta les diverses tortures sans faiblir. Renvoyée à la prison, s’occupant peu de ses propres souffrances, elle ne songeait qu’à exhorter les chrétiens prisonniers à persévérer dans la courageuse confession de leur foi. « Surtout, disait-elle, agissons franchement avec Dieu ; soyons-lui fidèles et allons tous ensemble au ciel ; qu’aucun n’y manque ! » Citée ensuite devant le gouverneur, elle montra la même fermeté dans les supplices et mérita d’être condamnée à mort.

Barbe T’soi était fille de Marcellin T’soi, martyrisé à Nie-tsiou en 1801. Une bonne éducation réforma son caractère peu discipliné, et bientôt on admira sa patience dans la misère, sa fervente charité envers Dieu et le prochain. Mariée au fils de Pierre Sin T’aipo, elle devint veuve peu après, resta seule près de son beau-père, et ne témoigna jamais ni fatigue ni tristesse au milieu des mille embarras de sa position. Prise avec son beau-père en 1827, elle fut relâchée presque aussitôt ; on ne sait ni pourquoi ni comment, car elle n’apostasia point. Depuis lors, n’ayant plus de maison à elle, elle vécut chez des parents ou amis, visitant souvent son beau-père pendant sa longue détention, et s’efforçant de lui procurer, ainsi qu’aux autres prisonniers, quelques petits secours. En 1839, elle fut arrêtée chez Protais, comme nous l’avons vu, et subit par devant le juge criminel un premier interrogatoire suivi de la question qu’elle endura avec calme. Au tribunal supérieur, le gouverneur lui demanda : « Qui es-tu ? — Je suis, répondit-elle librement, la fille de Marcellin T’soi décapité en 1801, et la belle-fille de Pierre Sin décapité ce printemps, dans cette ville. — S’il en est ainsi, tu t’es confessée sans doute ? — Vraiment oui. — Dans ce cas, il faut que tu meures. — Je m’y attends bien et il y a longtemps que je m’y prépare. » Sans en dire davantage, le gouverneur porta immédiatement la sentence de mort et la renvoya en prison.

Tous ces généreux confesseurs dont nous venons de parler, réunis dans un même cachot, s’encourageaient à la persévérance. La Providence leur adjoignit un autre compagnon, Jacques O, d’une noble famille chrétienne du district de Eun-tsin. Marié