Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/23

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apostoliques ont offert de plus grand et de plus merveilleux, cette Église qui possède encore tant de courageux confesseurs, lesquels, après avoir souffert l’exil, l’esclavage, la perte de leurs biens, prêchent encore l’Évangile sous la hache de leurs bourreaux et augmentent d’une manière indéfinie le nombre des prosélytes, cette Église sera-t-elle donc abandonnée ? Quoi ! le Dieu des miséricordes est-il devenu tout à coup un Dieu sévère et inexorable à l’égard des Coréens qui l’ont adoré, qui l’ont aimé, qui l’ont servi dès qu’ils l’ont connu ? Se plaira-t-il à multiplier les difficultés, à environner leur pays d’une barrière impénétrable afin qu’aucun de ces ministres ne puisse parvenir jusqu’à eux ? Je croirais blasphémer contre la Providence, si jamais une semblable pensée se formait dans mon esprit.

« 5o Reste ce motif : qui trop embrasse mal étreint. — Mais un vieux proverbe n’est pas toujours une démonstration. Encore faudrait-il montrer qu’il est applicable à la circonstance présente. Je crois avoir prouvé plus haut que notre Société pouvait encore embrasser davantage et bien étreindre. On a observé, comme je l’ai entendu dire plusieurs fois, que les diocèses dont les évêques se montrent les mieux disposés pour favoriser les vocations de missionnaires, ont toujours un plus grand nombre de sujets qui se destinent au sacerdoce : ne peut-on pas espérer qu’une faveur analogue sera accordée à une Société qui fait de généreux sacrifices pour soutenir une chrétienté abandonnée ?…

« Quoi qu’il en soit, si après un mûr examen vous jugiez encore que la prudence et l’intérêt de la religion exigent que l’on ajourne cette affaire, je vais vous proposer un projet fort simple, dont l’exécution ne peut qu’être très-utile aux néophytes coréens, et ne compromettra ni le temporel ni le spirituel des missions, dont nous sommes actuellement chargés. Sans prendre aucun engagement pour l’avenir, proposez à la Sacrée Congrégation d’envoyer, en attendant, un ou deux prêtres. Ils tenteront, pour pénétrer dans le pays, tout ce que le zèle aidé de la prudence pourra leur suggérer. Si jamais ils réussissent à s’introduire, ils pourront trouver, soit par eux-mêmes, soit par le secours des néophytes, des moyens de faire entrer les missionnaires qui viendraient après eux, moyens qu’il est impossible, en Europe, de bien connaître et même de soupçonner. Le prêtre, parvenu sur les lieux, soutiendrait cette mission qui peut à chaque moment être anéantie pour jamais, faute de pasteurs. En attendant, la Providence ménagerait de nouveaux secours. Si le premier prêtre envoyé dans cette contrée ne pouvait pas y pénétrer, ou était mis à mort, ce serait un