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Son frère aîné, Antoine, n’avait pu cependant échapper longtemps aux perquisitions. Pris avec toute sa famille, et conduit au grand juge criminel de la capitale, il se montra plus fort que les tortures. Il s’établit dans la prison comme chez lui, disposa tout pour y passer le reste de sa vie, et rien dans son air ou ses paroles ne témoigna jamais qu’il eût le moindre désir de vivre ou d’être délivré. Les prisonniers païens prêtaient volontiers l’oreille à ses discours, et il les prêcha avec tant de ferveur, que deux d’entre eux se convertirent. Le 8 de la troisième lune intercalaire de 1841, on le frappa de soixante coups de la planche à voleurs, et, comme il demeurait inébranlable, on l’étrangla en prison la nuit suivante. Il avait alors quarante-sept ans.

Le troisième frère fut laissé à la prison de Koang-tsiou, avec son cousin germain. Leur fermeté n’a pas été à l’abri de tout soupçon, car depuis la mort d’Augustin, ils ne furent ni battus, ni mis à la torture. Un fait néanmoins qui semblerait prouver en leur faveur, c’est que, lors de l’amnistie générale proclamée à la naissance de l’héritier présomptif du trône, ils ne furent point mis en liberté.

Parmi les chrétiens échappés aux perquisitions de 1839, et sur lesquels la police voulait, à tout prix, mettre la main, nous devons noter en première ligne Philippe T’soi Hei-ouen-i, qu’il ne faut pas confondre avec Philippe T’soi Hei-tenk-i étranglé à la neuvième lune de 1839. Celui dont nous parlons était le frère aîné de Jacques T’soi, dont nous avons raconté le martyre. Leur père, exilé à Heng-hai en 1801, y étant mort, Philippe qui n’avait alors que dix ans, chargea le corps sur ses épaules, et alla l’enterrer dans un lieu éloigné, puis, après la mort de sa mère, se retira avec son frère chez un de ses oncles, où ils passèrent plusieurs années occupés aux travaux des champs. Lorsque son frère Jacques se maria, Philippe le suivit, et tous deux ensemble allèrent s’établir à la capitale. Sans cesse occupés à consoler les affligés, à réchauffer les tièdes, à instruire les ignorants, Philippe et Jacques se firent remarquer de tous par leur infatigable charité. Après l’arrivée des missionnaires, ils montrèrent un zèle tout particulier pour préparer des oratoires, et disposer les chrétiens à la réception des sacrements ; aussi, quand la persécution éclata, furent-ils immédiatement dénoncés. Philippe était absent de la maison, quand son frère Jacques fut pris, et il dut dès lors se cacher avec soin, ce qui toutefois ne l’empêcha pas d’affronter les plus grands dangers pour recueillir les corps des martyrs. Après la persécution, il travailla avec Charles Hien et Jean Ni, à réunir, vérifier