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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/295

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de nous conduire à Cliang-haï. Sourd à mes demandes et à mes prières, il me conseilla de le suivre à Canton, pour retourner en Corée par Péking, selon la coutume. Je lui répondis que je ne voulais point repasser par Péking, et qu’il me fallait absolument aller à Chang-haï pour réparer mon navire. Enfin la promesse de mille piastres le décida à accepter et il nous prit à la remorque.

« Après avoir encore navigué huit jours par un vent contraire, nous eûmes à essuyer une tempête qui, par la protection de Dieu, ne nous mit point en danger ; mais la jonque d’un ami de notre capitaine, qui marchait de conserve avec la nôtre, fit naufrage, et tout l’équipage périt à l’exception d’un seul homme. Un peu plus tard vinrent à nous des pirates qui disaient au capitaine : « Cesse de traîner la barque de ces gens, nous voulons la piller. » À ces mots, je donnai l’ordre de tirer sur eux, et ils passèrent outre. Après sept jours environ, nous arrivâmes à Wou-song-hien. Les mandarins envoyèrent des satellites nous demander d’où, comment, et pourquoi nous étions venus. Je leur répondis : « Nous sommes Coréens ; c’est un grand vent qui nous a poussés ici, nous voulons aller à Chang-haï pour réparer notre vaisseau. »

« Des officiers de la marine anglaise nous visitèrent. Je leur exposai que nous étions Coréens et que nous venions chercher des missionnaires ; en même temps je les priai de nous protéger contre les Chinois, et de nous indiquer la maison du consul. Ils satisfirent avec bienveillance à mes demandes, nous donnèrent du vin et de la viande, et m’invitèrent à dîner. Nous restâmes un jour à Wousong. J’allai voir les mandarins du lieu qui me firent un grand nombre de questions, et voulaient nous dénoncer à l’empereur pour nous faire renvoyer par terre en Corée. Je leur répondis : « Je n’ignore pas la loi ; mais je ne veux pas retourner par terre en Corée ; je ne veux pas non plus que l’empereur soit averti de notre arrivée ; ne lui faites donc aucun rapport. Au reste, que vous avertissiez l’empereur ou non, peu m’importe ; une fois mon navire réparé, je retournerai de moi-même en Corée ; n’ayez donc de nous aucun souci. Il vous suffit de savoir que nous avons abordé à la côte de votre empire, et il me suffit d’avoir bu de l’eau de votre pays, et d’avoir mis le pied sur votre terre ; seulement je veux avoir ma pleine liberté. De plus, je vous prie d’écrire au mandarin de Chang-haï qu’un navire coréen y va pour se réparer. Je ne veux pas que le grand-mandarin de Chang-haï éprouve à ce sujet aucun embarras ni aucune inquiétude, et je demande qu’il me permette de séjourner en toute sécurité. »

« Les mandarins, me voyant communiquer avec les Anglais,