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qu’il m’est permis de respirer l’air du dehors. On souffre beaucoup dans cette mission, mais cela dure peu, et le ciel récompense bien amplement ces peines en les couronnant du martyre.

« Je me séparai aussitôt de M. Daveluy ; je renvoyai dans une petite chrétienté étudier la langue. Il est plein de zèle, très-pieux, doué de toutes les qualités d’un missionnaire apostolique. Je désire pour le bonheur des Coréens que Dieu lui conserve longtemps la vie. Nos matelots retournèrent dans leurs familles, qui avaient perdu tout espoir de les revoir jamais : depuis sept mois ils en étaient absents. On m’assure que la capitale est l’endroit où j’aurai le moins de dangers à courir ; je m’y rendrai peut-être au cœur de l’hiver prochain. En attendant, nous sommes comme l’oiseau sur la branche, nous pouvons être pris à chaque instant.

« Tout est à refaire dans cette mission ; et malheureusement il est plus difficile d’agir que du temps de nos confrères, parce que le gouvernement connaît mieux tout ce qui nous concerne, et aussi parce que la persécution a dispersé les chrétiens en bien des endroits. La première occupation sera d’envoyer çà et là des hommes pour savoir où ils habitent. Si les mandarins nous en laissent le temps, nous pourrons commencer l’administration de ce troupeau désolé, en nous entourant des plus grandes précautions pour que rien ne trahisse le secret de notre présence. Je me recommande instamment à vos ferventes prières, et j’ai l’honneur d’être avec un profond respect et l’affection la plus vive,


« Monsieur et cher confrère,

« Votre très-humble et très-dévoué serviteur.

« Joseph Ferréol, évêque de Belline et vic. ap. de la Corée. »


« P. S. Il paraît que sur la route qui conduit à la frontière, on surveille maintenant les voyageurs avec la dernière sévérité ; on dit même qu’on ne peut porter aucune lettre. J’espère néanmoins que celle-ci vous parviendra. Dans quelques mois, des courriers se dirigeront vers le nord pour introduire M. Maistre et le diacre coréen qui l’accompagne. »