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Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/328

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autour. Ils ouvrirent le cercle pour y recevoir le prisonnier. Le mandarin lui lut sa sentence ; elle portait qu’il était condamné à mort pour avoir communiqué avec les étrangers. André Kim s’écria d’une voix forte : « Je suis à ma dernière heure, écoutez-moi attentivement. Si j’ai communiqué avec les étrangers, c’est pour ma religion, c’est pour mon Dieu ; c’est pour lui que je meurs. Une vie immortelle va commencer pour moi. Faites-vous chrétiens, si vous voulez être heureux après la mort, car Dieu réserve des châtiments éternels à ceux qui l’auront méconnu. »

Ayant dit ces paroles, il se laissa dépouiller d’une partie de ses vêtements. Selon l’habitude, on perça chacune de ses oreilles d’une flèche qu’on y laissa suspendue : on lui jeta de l’eau sur la figure, et par-dessus une poignée de chaux. Puis deux hommes, passant des bâtons sous ses bras, le prirent sur leurs épaules, et le promenèrent rapidement jusqu’à trois fois, autour du cercle : après quoi ils le firent agenouiller, attachèrent une corde à ses cheveux, et la passant par un trou pratiqué à la pique qui servait de potence, la tirèrent par le bout et tinrent sa tête élevée. Pendant ces préparatifs, le martyr n’avait rien perdu de son calme. « De cette manière suis-je placé comme il faut, disait-il à ses bourreaux ? Pourrez-vous frapper à votre aise ? — Non, tournez-vous un peu. Voilà qui est bien. — Frappez, je suis prêt. » Une douzaine de soldats armés de leurs sabres et simulant un combat, courent autour d’André et chacun d’eux en passant frappe sur le cou du martyr. La tête ne se détacha qu’au huitième coup. Un satellite la plaça sur une petite table et la présenta au mandarin, qui partit aussitôt pour avertir la cour de l’exécution.

André, né au mois d’août 1821, dans la province de T’ieng-t’sieng, avait vingt-cinq ans accomplis.

Suivant les lois du royaume, les corps des criminels doivent demeurer sur le lieu du supplice l’espace de trois jours ; ce terme écoulé, leurs proches ont la liberté de les ensevelir ; mais les restes d’André Kim furent, par ordre du grand juge, inhumés dans l’endroit même où il avait été mis à mort. On lui laissa ses habits, la tête fut replacée sur le cou, et le corps bien lié dans des nattes propres. Le mandarin fit mettre des satellites en sentinelle tout autour de la tombe, pour empêcher les chrétiens de l’enlever ; et ce ne fut que quarante jours après qu’ils purent recueillir ces restes précieux, et leur donner, sur la montagne de Miri-nai, un sépulture plus convenable.

Après avoir, dans sa lettre à M. Barran, directeur au séminaire des Missions-Étrangères, donné sur le martyre d’André les