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érigée le 2 novembre 1846, en présence de quelques chrétiens, heureux de cimenter une nouvelle alliance avec Marie. Il fut réglé que chaque dimanche, un petit nombre de fidèles viendraient réciter quelques prières devant l’image de la Mère de Dieu, en union avec les associés répandus dans tout l’univers. Quatre jours après, les missionnaires écrivirent une lettre à M. Desgenettes, curé de Notre-Dame-des-Victoires, pour le prier d’inscrire sur son registre la petite association ainsi érigée dans la vallée de Sour-itsi-kol. « Quelle douce émotion pour moi, » écrivait plus tard M. Daveluy, « quand, le dimanche, j’entends les prières en langue coréenne de nos associés de l’archiconfrérie ! Je pense à ce concours de tous les peuples, à ce chant de toutes les langues réunies pour célébrer les louanges de Marie et implorer la conversion des pécheurs. Daigne cette bonne Mère nous faire part des bienfaits sans nombre qu’elle a répandus sur tant d’autres pays ! »

Après avoir ainsi satisfait leur dévotion, les missionnaires, couverts de l’habit de deuil qui habituellement les cache aux regards indiscrets, reprirent la visite des chrétientés, pour l’administration annuelle des sacrements. « Les fatigues et les peines de ces sortes de visites, » dit M. Daveluy, « sont quelquefois bien grandes. La longueur et le mauvais état des routes, les complications d’une langue peu connue, l’ignorance des chrétiens, leur grossièreté, tout concourt à multiplier les difficultés. Les Coréens, jaseurs et indolents, s’instruisent fort peu en l’absence des prêtres. Ils ne sont pas indifférents pour la religion, mais leur esprit borné leur fait croire à l’inutilité de l’instruction religieuse, alors qu’il n’y a pas de missionnaires en Corée : de là vient chez beaucoup une grande ignorance des vérités fondamentales du christianisme. Par exemple, il leur est arrivé de baptiser une païenne le jour de son mariage avec un chrétien, sans qu’elle sût de quoi il était question. Elle crut que l’effusion de l’eau sur la tête était une cérémonie du mariage des chrétiens, car elle n’avait aucune idée du baptême. De cette ignorance naissent de grandes difficultés : il faut débrouiller leurs mariages, examiner leurs baptêmes, et souvent, après l’examen le plus sérieux, on a peine à s’y reconnaître. Ils ont la foi vive, de bons désirs, mais ils sont presque toujours seuls, sans secours, sans prêtres ; comment n’y aurait-il pas beaucoup de misères ? Les enfants sont négligés ; on craint de se compromettre en les initiant à la connaissance de la religion.

« Mais ce qui nous édifie et nous console, c’est l’empressement