Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 2.djvu/342

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nouvelle le frappa : « Il y a donc dans cette religion, » se dit-il, quelque chose qui élève les hommes au-dessus de la mort ; je veux la connaître. » Et il se dirigea vers les montagnes à la recherche des chrétiens qui y sont réfugiés. Après s’être instruit des vérités de la foi, il est venu lui-même demeurer au milieu d’eux avec toute sa famille. En vain, ses parents l’obsèdent pour le faire sortir de ces pays désolés ; il répond à leurs tracasseries par un zèle si généreux qu’il en a déjà converti plusieurs.

« Une autre fois, c’était un satellite des mandarins qui, ayant entendu parler de la religion chrétienne, ouvrit les yeux à la lumière de la foi. Pour pratiquer plus librement les commandements de Dieu, il quitta sa profession et se retira dans les montagnes. Quelques mois plus tard, il rencontra des parents et des amis qui le questionnèrent sur son étrange conduite : « Pourquoi es-tu allé dans les montagnes ? serais-tu chrétien ? — Oui, » dit-il, « je le suis. » Et il se mit à leur prêcher l’évangile. Ses auditeurs attendris avouèrent que la religion chrétienne est très-belle, et lui demandèrent des livres. Une trentaine de personnes ont ainsi reçu la bonne nouvelle.

« C’est le plus souvent par des voies semblables que Dieu réunit de nouvelles ouailles à son troupeau. Le missionnaire toujours caché ne peut pas travailler directement à la conversion des infidèles ; mais il offre tous les matins le saint Sacrifice, il sanctifie les chrétiens par la parole et les sacrements, et la grâce de Dieu agissant seule ou avec le concours des néophytes, fait tout le reste. »

De son côté, Mgr Ferréol, exposé aux mêmes fatigues, y trouvait des consolations analogues. « Dans ces contrées, » écrivait-il, « le ministère apostolique est crucifiant pour la nature ; nous ne sommes que deux ouvriers ; les chrétiens sont disséminés sur une vaste étendue ; il faut être sans cesse en course ; les voyages, au milieu des montagnes couvertes de glace et de neige, sont extrêmement pénibles. M. Daveluy ne jouit pas d’une forte santé ; cet été, il a eu une maladie sérieuse. La nourriture est très-mauvaise pour des estomacs européens ; le pain et le vin sont ici inconnus ; le riz bouilli et l’eau fermentée dans le froment en tiennent lieu. Environnés de périls, nous ne pouvons sortir qu’avec les plus grandes précautions. Cependant au milieu de nos peines et de nos travaux. Dieu ne nous laisse pas sans consolations qui les adoucissent. Dans chaque station, nous voyons revenir des pécheurs qui depuis longues années vivaient dans l’oubli de toute pratique religieuse ; nous sommes édifiés de